Pepper Minesse faisait partie de ces femmes à l’intelligence trop aiguisée qui représentent pour les hommes un défi permanent. Une femme, de son point de vue, devait se contenter de vivre dans l’ombre de son mari. La sienne était d’ailleurs une maîtresse de maison comblée.
Depuis l’échec de l’ultime tentative de fécondation artificielle, faire l’amour ne la tentait plus. La sexualité, comme le mariage, visait à la procréation. Privé de cette finalité qui lui donnait toute sa dimension spirituelle, dépossédé par le même coup du plaisir qui s’y rattachait, l’acte sexuel avait perdu tout intérêt à ses yeux. Finies les réactions volcaniques des premiers temps, quand leurs étreintes la transportaient systématiquement au septième ciel ; finies les extases flamboyantes auxquelles elle s’abandonnait le cœur léger, grisée par le sentiment exaltant d’avoir peut-être donné la vie…
Nul ne pouvait deviner en la regardant qu’un body de soie noire protégeait sa peau délicate du contact un peu rude du tailleur. Très tôt, Pepper avait appris à tenir ses interlocuteurs en haleine, à intriguer, troubler et déstabiliser les hommes. Femme d’affaires redoutable, elle usait de son charme comme d’une arme et représentait un défi que beaucoup d’hommes auraient aimé relever. Rares, cependant, étaient ceux qu’elle autorisait à tenter l’expérience.
Carl aimait les femmes et les attirait comme le miel attire les mouches. Il paradait au milieu d’un aréopage de créatures blondes et bronzées, dont il se détourna sans hésitation dès qu’il aperçut Pepper. Si sa réputation non usurpée de play-boy le discréditait auprès de nombreuses agences, peu désireuses de prendre des risques, Pepper, elle, savait qu’il avait toutes les chances de remporter le prochain tournoi de Wimbledon.
Les hommes et le désir qu’elle leur inspirait ne méritaient pas qu’elle s’y arrêtât. Au fil des années, en s’appliquant à donner d’elle-même l’image d’une femme libérée, épanouie et comblée sur le plan sexuel, elle avait érigé autour d’elle des barrières que personne encore ne s’était avisé de franchir. Des barrières de toute façon infranchissables.
Juin 2013, alors que l'armée française engagée en Afghanistan se retire, le caporal-chef Vincent Castillo rejoint à Marseille, Willy, son frère d'armes grièvement blessé au combat. Pour leur retour à la vie civile, ils avaient rêvé un projet : acheter un food-truck et sillonner la côte pendant l'été. Mais pour l'heure Willy est en chaise roulante et Vincent sous neuroleptiques. Faute de mieux, Vincent retourne chez son père, dans cet hôtel minable recyclé en foyer d'accueil pour migrants. Il retrouve là ses deux frères, Denis et Jordan, qu'il n'a pas vus depuis longtemps et qui ont tous les deux bien changé… Il y découvre Hamid, son ami interprète afghan, exilé pour échapper aux Talibans, et rencontre Leila, la jolie Afghane, et son fils Ashmat qui attendent il ne sait quoi… Après tout ce qu'il a vécu, Vincent est à la recherche d'une nouvelle vie. Mais le problème, c'est qu'ici, les frères, les vrais, ça ne court pas les rues…
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