Citations sur Mississippi (45)
Moricaud, jus de réglisse, mal blanchi, négro. S'en était allé défendre son pays pour découvrir au r'tour que rien n'avait changé ohé ohé. Les noirs continuaient à voyager à l'arrière des bus, à emprunter les portes de service, à cueillir le coton des Blancs, à demander pardon aux Blancs.
Mais je me trompais. Il y a avait des tas de Blancs là-bas, c'est certain, mais ils ne ressemblaient pas à ceux de chez nous.
Ils n'avaient pas la haine.
En Angleterre, où on a stationné le premier mois, il y avait des gens qui n'avaient encore jamais vu de Noir, mais ils étaient plus curieux qu'autre chose.
Dès l'instant où ils ont vu qu'on était comme tout le monde, ils nous ont traités pareil.
Les filles aussi.
La première fois qu'une fille blanche m'a invité à danser, j'ai failli en tomber à la renverse.
Je suis tombée amoureuse de mon beau-frère comme on s'endort dans une voiture conduite par quelqu'un en qui on a confiance; peu à peu, par degrés imperceptibles, en se laissant bercer par le mouvement jusqu'à ce que vos paupières se ferment.
Mais il faut que je commence par le début, si je le trouve. Les débuts sont insaisissables. Juste au moment où vous croyez en tenir un, vous jetez un coup d'oeil en arrière et vous en apercevez un autre, antérieur, et un autre antérieur au précédent. Même en commençant par "Chapitre Un : Ma naissance", vous avez un problème d'antécédents, de causes et d'effets.
"Dès le jour de son arrivée, Jamie s'est employé à gagner mon affection. A me complimenter sur ma cuisine et à se charger de diverses bricoles pour m'aider dans la maison. Des bricoles qui signifiaient : Je te vois. Je pense à ce qui pourrait te faire plaisir. Ayant été privée de ce genre d'égards, je les ai absorbés comme un pain une sauce. Henry n'avait jamais été un homme prévenant, pas pour ces petites choses du quotidien qui comptent tant pour une femme."
"Je n'aurais jamais cru que ça me manquerait autant. Je ne parle pas de l'Allemagne nazie, il aurait fallu être marteau pour regretter un endroit pareil. Je parle de celui que j'étais là-bas. Là-bas, j'étais un libérateur, un héros. Dans le Mississippi, je n'étais qu'un nègre qui poussait sa charrue comme tant d'autres. Et plus le temps passait, plus je n'étais que ça."
Blancs ou Noirs, aucun est assez malin pour comprendre que le maître, c'est elle. Elle prend leur sueur, leur sang, la sueur et le sang de leurs femmes et de leurs enfants et quand elle leur a tout pris, elle prend leur corps aussi et touille, touille jusquà ce qui font plus qu'un, eux et elle.
Ce n'était pas la vitalité noire ordinaire- cette énergie animale qu'ils dépensent de manière si insouciante dans la musique et la formnication
On n'est pas restés longtemps dans leur pays, mais je serai éternellement reconnaissants à ces Anglais de nous avoir acueillis comme ça. La première fois dans ma vie que je me suis senti plus homme que Noir.
Ils nous appelaient les "nègres d'Eléonore Roosevelt". Ils disaient qu'on se battrait pas, qu'on se sauverait comme des lapins dès l'instant qu'on serait vraiment au combat. Ils disaient qu'on n'avait pas la discipline nécessaire pour faire de bons soldats, qu'on n'était pas assez intelligent pour servir un char; que notre nature nous poussait à toutes sortes de turpitudes- mensonge, vol, viol de Blanches.