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Critique de Daniel_Sandner


Retour de lecture sur "Mississippi" un roman écrit par Hillary Jordan, originaire du sud des États-Unis, et publié en 2008. Ce livre a été publié sous le titre "Mudbound" aux États-Unis, il a fait l'objet d'une belle adaptation cinématographique en 2017 sous ce même nom. Avec ce roman, l'auteure nous plonge dans le racisme et la brutalité du vieux sud des États-Unis des années 40. Hillary Jordan nous raconte l'histoire de Laura qui emménage dans une ferme que son mari Henri vient d'acquérir, et elle sait déjà qu'elle n'y sera jamais heureuse. Elle passe ainsi de déception en déception en vivant avec ses filles dans des conditions matérielles déplorables, tout en étant baignée dans une ambiance de racisme ou le Ku Klux Klan impose sa loi. Petit à petit Laura perdra tous ses repères jusqu'à tomber dans une relation amoureuse interdite et toute l'histoire basculera sur un drame, une agression d'une très grande sauvagerie. C'est un roman très prenant, une histoire très touchante dans laquelle on ne s'ennuie pas. Il est relativement court, mais l'auteure réussit quand même à nous peindre un environnement très réaliste que ce soit pour l'ambiance dans cette ferme peu accueillante, l'atmosphère pesante avec cette pluie continuelle et la boue qui en résulte, ou pour ce climat raciste et abject dans lequel évolue la population locale. L'histoire est globalement très sombre, c'est l'histoire du racisme, de la bêtise humaine et au fur et à mesure qu'on avance dans le roman on s'enfonce dans le sordide comme dans de la boue. Une boue omniprésente dans cette ferme et qui a donné le titre original du livre. La construction du roman est très dynamique et variée puisqu'on change à chaque chapitre de narrateur. Ce procédé est particulièrement efficace dans ce roman, car les personnages sont tous très différents. Tout les sépare, entre Henri qui ne pense qu'à sa ferme, Laura qui essaye tant bien que mal de s'adapter à cette vie, les noirs qui sont exploités, les anciens combattants qui ont à surmonter leurs traumatismes de guerre, et le patriarche ultra raciste, insupportable, qui symbolise à lui seul toute l'inhumanité de cette région à cette époque. On progresse donc dans ce roman en ayant à chaque chapitre le point de vue d'un autre personnage, ce qui, au-delà du rythme, permet également de définir une psychologie très détaillée et nuancée pour chacun. Attention tout de même à ne pas se fier à la quatrième de couverture qui cite Faulkner, même si le sujet et cette région font inévitablement penser à lui, on en est loin d'un point de vue littéraire. La qualité et la richesse de l'écriture, ainsi que la traduction, ne sont pas forcément les points forts de ce roman. Au final, même si ce livre n'est rien de bien nouveau, puisque la thématique a été traitée de nombreuses fois dans la littérature et au cinéma, on a là une histoire touchante, prenante, très bien construite, et une dénonciation efficace du racisme de cette époque et de cette région.
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