Chacun suit son propre rythme. Nous avançons séparément. Seul l'air comble le silence entre nos respirations espacées, mais nous sommes unis par le fait que chacun porte sa part du matériel collectif. Cela nous rend indispensables les uns aux autres.
Oui, être libre, c'est décider avec le coeur quelles sont nos propres chaînes et les accepter avec notre raison.
La taille de la montagne qui se dessine entre les arbres est considérable. Des millions de tonnes de roche recouvertes par des milliers de tonnes de neige et de glace s'élèvent des vallées profondes, à partir de l'endroit où je me trouve maintenant, formant les piliers et les bases pour soutenir les silhouettes pointues et élancées qui forment des pics et des crêtes en se découpant dans le ciel, tels des gardiens divins des terres et des villages qui s'étalent à leurs pieds. Immuables, impénétrables, indestructibles et éternels.
Le manque d'espoir, c'est l'absence de projets.
S'il y a quelque chose de bon dans la liberté, c'est que cela permet de chercher le bonheur. La liberté, c'est pouvoir choisir ses chaînes. c'est choisir ce qui nous rend heureux.
Ma montagne est ma maison, c’est ici que je suis né et que j’ai grandi, où j’ai souffert et où j’ai ri. Ici, je me sens en sécurité quand je suis seul. C’est ici que je veux continuer de rêver.
Les rêves naissent dans la contemplation et c'est pour cela que je pourrais rester des heures à regarder ces montagnes, assis ici sur les pentes enneigées de cette montée qui n'en finit pas, ou, lentement, suivre la trace que mes compagnons ont ouverte. Je pourrais passer des heures à les regarder jusqu'au moment où je vois clair, où je trouve ma ligne, mon sommet ou simplement la raison de la beauté inaccessible.
L'oubli, c'est comme un mur que nous avons peint. Les rayures et les trous dans le mur ne disparaissent pas en ajoutant une nouvelle couche. On peut simplement les dissimuler et au fil du temps la peinture s'écaille. Et les trous plus importants peuvent seulement se cacher. Le temps agit sur les hommes comme la glace sur les montagnes, elle les égratigne tranquillement en fondant.
J'aime courir vite, entendre ma respiration haletante. J'aime la vitesse et je déteste perdre du temps. Je déteste marcher en ville. Pourquoi marcher alors qu'on peut courir ? J'aime me sentir comme un animal, comme un chamois qui grimpe un sentier ou une montagne avec légèreté, en sentant la fatigue gagner mes muscles et mes poumons distribuer l'oxygène dans tout mon organisme.
Kilian Jornet cite Lluis Claret:
"Ce que nous sommes est aussi le témoignage des personnes que nous avons admirées et aimées, qui nous ont instruits et influencés."