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Critique de JMLire17


La première pierre c'est la première des pierres qui ont blessé les enfants de l'auteur, Pierre Jourde, lorsqu'ils reviennent le 31 juillet 2005 passer les vacances d'été dans la maison familiale au coeur d'un hameau du Cantal. Les lanceurs de pierre sont les habitants du village qui ont voulu donner une leçon à l'auteur pour les avoir dépeints et avoir révélé des secrets de famille dans un roman publié en 2003 dans la maison d'édition du médiatique Eric Naulleau, " L'esprit des péninsules ". Les pierres avaient été accompagnées de propos racistes à l'égard des enfants et de noms d'oiseaux contre le père, il s'en était suivi une rixe, un procès avait eu lieu, qui avait défrayé en son temps le microcosme littéraire. Bien que les passions ne soient pas totalement apaisées, avec " La première pierre " Pierre Jourde tente d'expliquer comment se construit un livre d'auto-fiction, comment naissent les personnages, en retraçant l'affaire, il veut se justifier, essayer de démontrer que " Pays perdu " était pavé de bonnes intentions, il fait tout pour réduire le fossé qui s'était créé entre les paysans (dont il est issu) et " l'intellectuel " qu'il est devenu. Pour prendre de la distance, au lieu du " je " classique du roman autobiographique Pierre Jourde s'adresse à l'enfant qu'il était, au " petit bonhomme " et emploie le " tu ". le livre débute sur la rixe qui a eu lieu en 2005, elle est décrite un peu comme une bagarre dans les dessins de Dubout, mais rapidement le lecteur sent que c'est une affaire sérieuse. Il se poursuit sur les échanges de secrets de famille, sur les non-dits des villages de la France profonde. Puis, l'auteur décortique l'impact du livre sur des gens qui se sont sentis offensés sans l'avoir vraiment lu, qui n'y ont pas trouvé ce que l'auteur avait voulu y mettre. Il explore l'écart entre les mots des auteurs et ceux que reçoivent les lecteurs. Il se termine sur une magnifique description du pays, notamment de l'estive, le voyage des animaux vers la montagne au printemps, où vers la vallée à l'automne. Comme si l'auteur leur dit, " Voilà ce que je voulais montrer de votre pays ". Dans pays perdu, Pierre Jourde a décrit un monde paysan tel qu'il voulait qu'il reste, c'est à dire celui de son enfance, alors que les paysans, eux, sont persuadés qu'il a changé et ne veulent plus de cette image. C'est l'histoire d'une incompréhension. L'auteur le dit lui-même c'est un " livre incertain " c'est à la fois, un roman, un récit, un pamphlet, un essai sur la littérature. C'est un livre pour solde de tout compte. Pour poursuivre, sur le mot de l'auteur " le Far-Centre ", je dirais que c'est " Règlement de compte à OK Cantal " tel le western de John Sturges en 1957. Lecteur, passionné par le milieu littéraire, "La première pierre", ne pouvaient pas mieux combler ma passion. Un livre sur la naissance et la vie d'un livre publié par une petite maison d'édition, qui a entraîné des réactions passionnées, une agression envers l'auteur, un procès sur la liberté d'écrire, des prises de positions partagées de la part des critiques. C'est très intéressant.

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