Judith Godrèche à
Eric Zemmour "J'ai réalisé un film et pas vous !" - On n'est pas couché 27/03/2010
On n'est pas couché
Judith Godrèche
Film "Toutes les filles pleurent"
27 mars 2010
Laurent Ruquier avec
Eric Zemmour et
Eric Naulleau
France 2
#ONPC
[...] ... Grammaire, vocabulaire.
Marc Lévy écrit dans Et si c'était vrai :
1) Quand il lui demanda comment connaissait-elle son prénom, elle répondit qu'elle était déjà là bien avant qu'il n'emménage.
2) ... imposant bâtiment de style néoclassique construit au début du siècle où, dans des dizaines de salles aux voûtes majestueuses, règne une atmosphère si différente à bien d'autres lieux semblables.
3) Il avait près de quatre-vingts suspects, dont l'un d'entre eux était peut-être en attente d'un don d'organe ou avait l'un des siens dans la même situation.
4) Green Street est une jolie rue bordée d'arbres et de maisons.
I - Rétablissez la syntaxe normale. Profitez-en pour réviser les règles de l'interrogation indirecte.
II - Trouvez quelque chose pour arranger la fin de la phrase.
III - Supprimez la redondance de la relative, puis tentez de comprendre la fin de la phrase.
IV - Imaginez ce que pourrait être une rue qui ne serait pas bordée de maisons. Ne cédez pas au vertige métaphysique. ... [...]
La rentrée littéraire est ainsi définitivement passée en 2002 du registre bon enfant à celui d'une pesante farce à répétition, seulement comparable au beaujolais nouveau quant au mercantilisme et à la médiocrité du produit.
Cette légère ébriété que procure la lecture, nous la nommerons "livresse".
« Comme beaucoup de grands écrivains, Alexandre Jardin n’a pas de biographie : sa vie est dans son œuvre. » (p. 133)
Cesare Battisti avoue sa responsabilité dans les 4 meurtres pour lesquels il a été condamné. On attend les réactions de Bernard-Henri Lévy, Fred Vargas et tous ceux qui ont défendu jusqu'à l'absurde l'innocence de ce terroriste — avec le plus parfait mépris pour ses victimes.
[...] ... "Telle que vous me voyez, là, je marche dans la rue Eugène- Gonon.
Tout un programme. (1)
Quoi ? Sans blague ? Vous ne connaissez pas la rue Eugène-Gonon ? Attendez, vous me faites marcher, là ?
C'est une rue bordée de petites maisons en meulière avec des petits jardins en pelouse et des marquises en fer forgé. La fameuse rue Eugène-Gonon de Melun.
Mais si ! Vous savez, Melun ... Sa prison, son brie qui gagnerait à être mieux connu et ses accidents de train.
Melun. (2)
Sixième zone de carte orange."
(1) : Cette magistrale entrée en matière constitue une démonstration de l'art consommé avec lequel l'auteur sait capter l'attention bienveillante du lecteur. Tout d'abord, prendre le personnage en pleine action, in media res. Mais faire en sorte que cette action soit banale, afin de favoriser l'identification. Ne pas omettre un petit clin d'oeil complice au lecteur. Il est toujours content qu'on le prenne à témoin. Pimenter par une figure de style, ironie ou paradoxe. Ici, il s'agit d'une sorte d'antiphrase : "tout un programme" ironise sur la banalité de marcher dans une rue banale, et anticipe sur le développement ultérieur de l'ironie. Faire en sorte tout de même que cette figure soit aussi un cliché. Ici, en quatre lignes, quatre expressions toutes faites : "telle que vous me voyez", "tout un programme", "sans blague", "vous me faites marcher." Le cliché est important pour appâter la sympathie du lectorat. Il a l'air d'un trait d'esprit, d'une invention verbale, mais c'est un trait devenu si courant qu'il peut appartenir à n'importe qui. L'important est que le lecteur puisse faire en sorte de s'attribuer le langage du texte. Il ne s'exprimerait pas autrement. Il s'identifie.
(2) : Tirer à la ligne constitue le b-a-ba réthorique dans les techniques d'appât du lecteur. Plus le mot ainsi détaché est banal, mieux cela vaut. On crée ainsi un effet de constraste très seyant. ... [...]
Au classement, établi par mes soins, des pires films de l'histoire du cinéma français, ces hommes passés de l'écrit à l'écran occupent les trois premières places :
1. Le Jour et la Nuit de Bernard-Henri Lévy ;
2. La Possibilité d'une île de Michel Houellebecq ;
3. L'amour dure trois ans de Frédéric Beigbeder.
(page 325).
[...] ... L'excellence de la forme répond dans cette oeuvre à l'originalité du fond. Marc Lévy maîtrise parfaitement un passé simple d'une grande distinction et se risque parfois, mais moins souvent, à des subjonctifs imparfaits avec lesquels on ne le sent pas complètement à son aise. Il fait bien attention aussi à employer de jolis synonymes, pour ne pas répéter les mots, comme on l'explique en quatrième pour faire des rédactions.
En mars 2053, Marc Lévy publie son oeuvre testament, L'Amour au delà de l'Amour. Il s'éteint quelques mois plus tard en murmurant : "Je me demande comment l'éternité sera-t-elle possible à vivre, mon amour, sans que je peux te serrer dans mes bras, mais crois-moi, nonobstant, un jour, nous serons réunis pour toujours", sous les torrents de larmes de l'assistance. ... [...]
Exprimer des sentiments, ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs, n'avait jamais été son fort, à la fois par pudeur et par conviction que le langage avait perdu ses pouvoirs comme une gomme à mâcher son goût à force de rouler dans toutes les salives. Un peu de magie perdue ne se retrouvait que dans certains livres, surtout des recueils de poésie. Renoncer à parler et choisir de se taire chaque fois que possible contribuait du moins selon lui à ralentir l’usure des mots, à retarder l’échéance.
Ce sourire, d’abord. Ou plutôt ce rictus, ce rictus soudain épanoui, comme si un marionnettiste invisible tirait dans l’ombre sur les commissures des lèvres, ce rictus en réponse à tous les contradicteurs, ce rictus en réaction à toutes les circonstances, ce rictus me rappelait quelqu’un. Dont le nom continuait de m’échapper (j’avais presque renoncé à le trouver, de même qu’on se résout à ce que fondent au blanc les lambeaux d’un rêve) tandis que j’arpentais les allées d’une brocante de quartier en laissant courir mon regard sur l’habituel fourbi. Qui s’arrêta sur une grande poterie égarée parmi le bronze de statuettes que des alchimistes d’un nouveau genre avaient changé en or – seule pareille opération pouvait justifier de vendre aussi cher les banales copies d’œuvres du siècle dernier. D’un haut vase décoré de fleurs et d’oiseaux émergeait le buste de Tintin habillé à la chinoise, la tête coiffée d’un chapeau mandarin, à peu près tel qu’il se trouve représenté en couverture de l’album Le Lotus bleu. Les syllabes jumelles m’échappèrent à haute voix. Didi. Sandrine Rousseau, c’est Didi. Dans cette aventure du célèbre reporter, Didi commence par sauver à deux reprises la vie du héros, objet d’une double tentative d’assassinat peu après son arrivée à Shanghai. Victime à son tour d’un attentat au radjaïdjah, « le poison-qui-rend-fou », sa démence prend la forme d’une idée fixe, à savoir décapiter autrui pour son propre bien, ce qu’il expose en ces termes à Tintin sans jamais se départir du sourire fantôme ni cesser de brandir un sabre bien affûté :
Lao-Tzeu l’a dit : « Il faut trouver la voie ! » Moi, je l’ai trouvée.
Il faut donc que vous la trouviez aussi… Je vais d’abord vous couper la tête. Ensuite, vous connaîtrez la vérité !