Chaque jour le maître Ruiyan Yan s'interpelle :
« Maître ! »
Et se répond :
« Oui ! »
Puis il s'interpelle :
« Sois en éveil !
- D'accord !
- A tout moment ne te fais pas avoir par les autres !
- D'accord ! D'accord ! »
Lorsque zazen est difficile, voire insupportable, parce que les pensées nous assaillent, on devrait alors se dire : j'échoue toujours avec succès. Et les pensées s'atténueront d'elles-mêmes.
L'arbre de Kyôgen -
Kyôgen a dit :
Le zen est comme un homme qui, s'accrochant désespérément à un arbre par les dents au-dessus d'un précipice, ses mains ne s'agrippant plus à rien, ses pieds ne reposant plus sur rien, entendrait soudain quelqu'un lui demander "Eh, l'ami ! Pourquoi Boddhidharma est-il venu d'Inde en Chine ?" S'il ne répond pas il échoue à sa mission, et s'il répond il tombe et se tue.
Alors, que faire ?
Etes-vous sur de ne pas vouloir passer cette barrière ? Si oui (si vous le voulez), alors, concentrez-vous de tout votre être, avec vos 360 os, vos 84 000 pores sur la question, jour et nuit, sans interruption, sans la prendre dans une forme de conception relative du non-être. Cela revient à avaler une boule de fer chauffée à blanc sans pouvoir la régurgiter. Débarrassez-vous de vos connaissances illusoires et de tout ce que vous avez appris de faux jusqu'à maintenant et acharnez-vous. Au bout d'un certain temps, lorsque vos efforts porteront leurs fruits, vous arriverez à l'unité intérieur et extérieure.
Un bonze demanda à Yunmen :
« La lumière illumine sereinement l'univers infini... » mais avant qu'il eût fini sa phrase, Yunmen l'interrompit abruptement et lui dit :
« Ne serait-ce pas les mots de Zhangzhuo ? »
Le bonze :
« Oui, c'est bien ça. »
Yunmen :
« Ta langue a fourché. »
Plus tard, un maître commenta :
« Comment la langue de ce bonze a-t-elle fourché ? »
Maintenant je vous pose la question : Comment allez-vous vous y prendre ? Chaque parcelle d'énergie que vous possédez, mettez-la dans le Wu et devenez ce Wu. Si vous vous efforcez sans interruption et sans vous posez de question alors une nouvelle lampe s'allumera.
Un bonze demanda au maître Zhaozhou : « Quelle est la signification de la venue de l'ouest du patriarche ? »
Zhaozhou répondit : « Le cyprès dans le jardin ».
Le chien, la nature de Boudda,
Manifestation parfaite de la vérité.
Hésitez un seu instant entre avoir et ne pas avoir
Et vous êtes perdus corps et âme.
Celui qui s'engage dans la pratique du Zen doit passer les barrières des patriarches et maîtres du zen du passé. Atteindre cette illumination mystérieuse implique de couper les pensées discriminatoires. Si vous ne passez pas cette barrière et que vous ne coupez pas les pensées discriminatoires vous êtes comme des fantômes qui hantent forets et prairies.
Maintenant répondez-moi : Quelle est cette barrière ? C'est simplement Wu (le vide). C'est la barrière du Zen. C'est la raison pour laquelle on l'appelle "passe-sans-porte du Zen".