J'ai longtemps hésité à lire
Ismail Kadaré ; la figure de l'écrivain en exil, opposant au totalitarisme, m'assommait d'avance. Finalement ce livre m'a intéressée car j'ai découvert la seconde guerre mondiale d'un point de vue très différente du nôtre, celui des Albanais. Les habitants voient leur ville de pierre occupée alternativement par les Grecs et les Italiens, comme elle l'a été par les Turcs dans le passé. Ils n'ont jamais une vision surplombante des événements, ils vivent le quotidien d'un pays en guerre dans toute son absurdité.
La narration se fait du point de vue de l'enfant qu'était
Kadaré à l'époque, et ce petit garçon apporte une touche de magie à tout ce qu'il voit. La ville est personnifiée, comme l'est aussi la citerne de la maison et ses échos mystérieux. Un chou transporté à la main par un des personnages devient à ses yeux une tête coupée. Les mots écrits dans les livres ou sur les affiches se transforment, ils prennent vie indépendamment de leur sens. Tout cela fait exister le personnage, alors que les autres sont comme des figures à l'arrière-plan. Malgré tout je n'ai pas pu m'identifier au petit héros, ni être vraiment emportée par ma lecture. Je l'ai appréciée comme un document plus qu'un roman.
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