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Critique de horline


Rien de plus impénétrable que les trahisons et les ambitions cachées, mais Hedi Kaddour voit et entend tout dans cette authentique fresque romanesque qui dresse le portrait désolant de la cour impériale de Rome sous Domitien.
Avec une admirable densité qui caractérise son écriture, l'auteur sonde l'économie aussi subtile que complexe du despotisme, faite de soupçons, de rumeurs, de flatteries, de délations, de lâchetés, d'alliances de circonstances, de ballets de courtisans et d'ennemis potentiels mêlés selon une chorégraphie déterminée par la nécessité de ne pas offenser celui qui occupe le Palatin. Avec patience et rigueur, Hédi Kaddour déploie sous nos yeux une Rome déliquescente où l'instrument du pouvoir, le discours politique, a perdu de sa sphère d'influence et de rayonnement pour devenir un outil d'apparat au service de l'enrichissement personnel lorsqu'il ne s'agit pas de sauver sa tête.

Jusqu'à un certain point, j'ai adhéré sans trop de peine à la démonstration de l'auteur, séduite par son art consommé du récit semé d'images fortement évocatrices. Rome était comme un écran de cinéma au fond de mes yeux. Mais ce qui s'annonçait comme la dernière nuit de Tacite accompagnée de toute l'épaisseur tragique que recèle une accusation de complicité de lèse-majesté s'est mué en une dissection interminable des rapports politiques et des jeux de dupe au sein de l'élite romaine. Chaque personnage croisé donne lieu à des portraits disséqués avec un luxe inouï de flux de conscience et de monologues intérieurs déplaçant progressivement le centre de gravité du roman. Comme si Hédi Kaddour était moins intéressé par l'intrigue que par ses implications ou ce qu'elle peut révéler des personnages, faisant de Rome non plus un lieu pour L Histoire mais pour une multitude d'anecdotes certes passionnantes et enrichissantes, mais aussi pesantes par leur dimension didactique.

C'est une oeuvre qui impressionne par son érudition mais le besoin d'emplir tout l'espace du récit et de ne pas laisser de marge possible pour des mots entre les lignes a été un obstacle au plaisir de lecture.
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