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Critique de ChaiandPages


Les Sept lunes de Maali Almeida est une curiosité littéraire comme je les adore. J'ai eu l'impression d'être transportée dans un univers à la Terry Gilliam qui s'est offert un trip dans un Las Vegas Parano au Sri Lanka. le mélange des genres m'a ravie, on sent l'influence de la beat génération dans la narration et la structure, le récit est très dense, un peu à la manière de le Festin nu de William S. Burroughs (mais sans la drogue et avec beaucoup plus de clarté). 

Un univers fourmillant d'inventivité.
Ce roman, ultra politisé et terriblement drôle se lit comme un page turner tellement il est addictif. 

L'intrigue est simple en apparence, Maali A., photographe homosexuel s'est fait assassiné mais ne s'en souvient pas. Il se retrouve dans l'Entre-Deux, sorte de salle d'attente, où on lui assigne sept lunes pour découvrir la raison de son assassinat et entrer dans la Lumière au risque de se transformer en goules ou âme perdue. Il doit au fil du temps qui passe aider ses amis à retrouver les photographies très compromettantes qu'il a prises…Mais, on est loin d'être dans une intrigue si simple, ce roman fourmille d'histoires dans l'histoire, de mises en abîme entre la réalité, le souvenir, le passé et le présent, entre l'imaginaire et le mystique. Tout est symbolisme et réflexions profondes. Shehan Karunatilaka choisit le prisme du fantastique absurde, burlesque parfois pour nous enseigner l'histoire de son pays, l'horreur de la guerre civile, les conflits entre les Cinghalais et les Tamouls, les très nombreux attentats et sur de profondes réflexions philosophiques sur l'existence, les comportements humains et notre déterminisme. Par exemple, l'auteur, à travers le personnage de la femme en sari rose que Maali a pris en photographie en train de se faire trainer par les cheveux et bruler vive, s'interroge sur la permission de photographier les victimes de sévices, les horreurs de la guerre, la mort et donc à vendre au premier offrant des photographies qui illustrent les gens qui meurent dans des zones de guerre. 

J'ai adoré découvrir qu'il convoque de nombreuses victimes des émeutes de 1983, d'attentats qui continuent à rôder dans l'entre-deux nourries par le désir de vengeance, suicidé.es, les misérables, les morts, et nous instruise à travers un aperçu de la mythologie et du folklore sri-lankais et les ressors fantastiques qu'il mêle à la réalité. Tout est limpide grâce à une écriture brillamment maîtrisée qui alterne poésie et réalisme crue.

L'auteur dénonce. « Nous ne devons jamais oublier. Nous devons aider ceux qui ont été oubliés. Nous devons détruire les mensonges ». Et elle nous prouve que la littérature est une des plus belles preuves d'un engagement politique révolutionnaire pour rétablir la vérité et combattre l'oubli. 

**Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE - lauréat du mois de janvier dans la catégorie Roman
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