Les enquêtes de Middleton et Grice, tome 1 : Petits meurtres à Mangle Street

Lorsque Dieu a créé les idiots, il a mis les plus idiots de tous en uniformes et leur a donné des casques pour que les pensées n'entrent pas dans leur tête, déclara Sidney Grice

Sracbleu et Sarpilipopette

À Wigan North Western, j’achetai un livre chez W. H. Smith & Son et je m’installai dans un compartiment sans couloir réservé aux dames.

On prétendit que rivincita, le mot italien pour « vengeance », avait été inscrit en lettres de sang sur les murs, et un article évoquait un mystérieux Napolitain aux cheveux roux que l’on aurait vu se livrer à des actes louches dans le quartier, ce qui résulta en une vague d’agressions contre les immigrants qui travaillaient sur les quais.

Les histoires de Jack Talons-à-Ressort, le démon légendaire, refirent surface et on trouva moult témoins qui affirmaient qu’ils l’avaient vu en train de bondir d’un toit à l’autre.

Les rumeurs allèrent jusqu’à mentionner un lion assoiffé de sang qui aurait rôdé dans le quartier, mais, après une poursuite acharnée, on finit par coincer chez un équarrisseur de Knackers’ Yard ce qui s’avéra n’être qu’un vieux poney Shetland édenté qui attendait patiemment son destin.

Il était difficile d’imaginer quel genre d’individu aurait pu accomplir des actes d’une telle sauvagerie, au point que tout le monde se mit à évoquer la présence d’un animal, notamment d’un gorille échappé d’une foire ambulante.

En outre, il aurait été impossible de porter, d’installer et de retirer une échelle sans se faire remarquer dans ce quartier si animé. Quant au toit, il n’était guère accessible et était de toute manière si instable et délabré qu’il ne supporta même pas le jeune garçon que la police envoya pour l’inspecter.

Dans les deux cas, la porte était verrouillée de l’intérieur et il fallut la forcer pour entrer. Néanmoins, il n’y avait pas grand doute quant au moyen que l’assassin avait utilisé pour pénétrer dans les lieux : les fenêtres avaient été brisées de l’extérieur. La manière dont le meurtrier avait atteint les fenêtres était une autre question, dans la mesure où elles se trouvaient à une dizaine de mètres au-dessus de la rue, sans gouttière ni autre moyen d’accès.

Les deux femmes avaient été massacrées, leurs membres et leur torse, lacérés et tailladés quarante fois exactement. Il n’y avait aucun signe de cambriolage et, bien que le mobile ait pu être d’ordre sexuel, ni l’une ni l’autre ne se livrait à la prostitution. Eliza Shepherd était couturière et Jane O’Donnell avait depuis peu pris un emploi de serveuse dans le bar du rez-de-chaussée.