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Critique de MissFantomette


Écoles fermées. Désinfection. Animaux abattus. Informations alarmistes. Masques.
Quarantaines. Populations fuyant les villes et les maisons de retraites...
Même les cours d'auto-école sont annulés.
«  Pandémie » : le mot est lâché en page 15 de ce roman ! Une sorte de grippe mystérieuse.

Sommes-nous pour autant en présence d'une oeuvre inspirée par notre actuelle crise sanitaire ?

Eh bien non !

Ce roman est sorti en 2010 en France. Et s'il a pu évoquer la grippe aviaire ou la crise de la vache folle, il entre aujourd'hui en forte résonnance avec la covid 19, d'une bien surprenante manière !

C'est tout à fait par hasard que j'ai relu ce titre et j'avoue avoir été très surprise de le ressentir de manière si différente d'il y a dix ans !
La dystopie est devenue notre réalité...
Et notre réalité modifie notre lecture de l'oeuvre...

L'imagination de Laura Kasischke l'entrainera bien loin dans l'accumulation de calamités supplémentaires (auxquelles nous échappons, nous, à l'instant où j'écris ! ).

Nous suivrons donc avec elle dans l'Illinois le lent glissement d'une petite famille vers un état étrange, indéfinissable, fait de repli sur soi et d'un renoncement presque heureux à ce qui faisait sa raison d'être :

Roman de la perte, mais de la (re)construction aussi.
Le thème des mutations adolescentes est abordé, comme souvent par cette auteure qui affectionne cette période de bouleversements et de création (elle en parle très bien dans ses interviews).
La famille recomposée est un autre ressort du récit.Tandis que tout s'effiloche autour d'eux, la jeune belle-mère et les enfants, vont en effet chacun se construire : l'une dans son rôle d'adulte-enfin-mère, les autres abandonnant peu à peu les postures de l'adolescence.
Naissance, donc, d'une famille qui a été reformatée, d'abord par le remariage puis par la crise sanitaire.

L'écriture est, comme toujours chez l'auteure, empreinte d'une extrême poésie qui nous emporte au détour de la moindre phrase : « Là, dans un coin d'ombre, se pressait un cercle de violettes, bleu pâle et mauve. Menues, tendres, soyeuses, papillotantes ». Elle se marie cette fois avec ce qui peut être lu comme un conte, à l'image de ceux qui pontuent le récit et les soirées des personnages.

Cette douce confusion entre fiction et réalité, coutumière chez Laura Kasischke, nous touche donc ici de plus près encore que d'habitude, tant nous sommes réceptifs, vulnérables et déstabilisés depuis maintenant un an que nos croyances et habitudes sont bouleversées....

En un monde parfait... Une lecture parfaite en ces temps incertains.
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