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Critique de Lulu_Off_The_Bridge


Le Spring break, ce Honolulu cheap des teenagers américains… Anne, Michelle et Terri, à peine 18 ans, s'envolent pour le Mexique, les plages, l'alcool et les garçons en maillots de bain. Pour perdre un peu la tête. Elles vont perdre bien plus que cela. Les ruines du Yucatan, les alcools couleur pastel, les rêves de petite filles qui se cherche un papa, vont rapidement se mélanger en une fresque épouvantable et enseigner aux trois lycéennes qu'il faut disparaître avant de pouvoir renaître.

Comme Rêve de garçons, La Couronne verte dépeint des lycéennes américaines typiques, des gentilles filles élevées au grain, BFF et virées au centre commercial, névroses de teenagers sages. Cet univers tranquille entre en collision avec une scène qui rappelle les grandes heures de MTV Break (1995, qu'as-tu fait de nos jeunesses?) ou le très récent Spring Breakers d'Harmony Korine. Un univers peu classieux à base de cocktails dégobillés sur les plages et de maillots de bain qui se font la malle sous les sunlights. On pourrait s'attendre à des étincelles. le résultat tient plutôt du pétard humide. Comme pour les deux romans précédents, j'ai cette désagréable impression de bonne idée non aboutie, de tambouille trop ambitieuse. D'un côté, des personnages tellement pétris de clichés que cela empêche toute empathie (ce qui n'est pas un problème en soi mais au vu du déroulé des évènements, l'absence d'empathie nuit). de l'autre, un galimatias mystico-philosophique pas léger du tout, à base de pyramides mayas, de sacrifice de vierge, de quête du père et de serpent à plumes qui perd son ramage au fond d'une bouteille de tequila. le récit alterne les points de vue d'Anne, rationnelle et sans surprise, et de Michelle, toute à sa conquête de liberté avec une nette tendance à prendre les canards sauvages pour des enfants du bon Dieu. En filigrane, une réflexion sur l'éducation des filles et l'attrait des feux de broussaille sur leurs jeunes esprits surprotégés, pas dénuée d'intérêt mais (des)servie par des métaphores lourdes comme des parpaings de 14. Premier geste des demoiselles en arrivant au Mexique : ne plus attacher leur ceinture de sécurité – ooooooooh, il va se passer quelque chose de grave. Dans le même genre, la métaphore filée de la renaissance, de la nécessaire mort à soi au contact du danger, ambiance mythe de la caverne, qui parcourt le roman est particulièrement épaisse. L'immersion dans le mythe de Quetzalcóatl n'aide pas, elle n'élève pas le propos, le plombe plutôt, même si l'on comprend bien le caractère violemment pictural du roman, qu'il s'agisse des plans larges sur une nation d'ados défoncés au mezcal ou des scènes de jungle. J'ai l'impression que l'auteur essaie trop. On comprend rapidement ce qu'il va se passer, il ne faut pas faire pas confiance aux inconnus, encore moins aux inconnus qui vous inspire confiance, le danger ne vient toujours de là où on pense, bla bla bla. Il n'y a pas de climat malsain, comme j'ai pu le lire ailleurs. La démonstration a des faux airs de leçons de morale par une soccer mom flippée. Quand le roman finit par rejoindre le fait divers, on n'est pas terrifié par la réalité des évènements décrit, non. On s'ennuie. Comme pour Les Revenants, la fin, ultra prévisible, tombe à plat. Presse et critiques célèbrent l'écriture éminemment poétique de Laura Kasischke, je commence à me dire que celle-ci s'est perdue à la traduction. Or mettre tout ça sur le dos du traducteur, c'est un peu facile, vu que littérairement parlant, il ne se passe rien. Ou pas grand-chose. Et pas longtemps.
Lien : http://luluoffthebridge.blog..
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