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Critique de EvlyneLeraut


« Mon village, il aurait pu surgir d'un conte de fée… C'est un monde à part, une forêt perdue entre ici et demain. C'est ça Jabalayn… »
« le palais des deux collines » est magistral. Des voix qui s'élèvent, tant litanies que résistances. Bouleversant, si proche de nous, il nous prend à bras le corps. Les témoignages s'effacent et cèdent la place à la beauté infinie de ce lieu, de ce pays meurtri : La Palestine. Faysal conte, arrime sa patrie, ses frères et soeurs combattants de l'adversité, sa famille. L'idiosyncrasie d'un peuple déraciné, tarentule et désespoir. Ici, le palais est sceau, ce qui fût et qui n'est plus. Les collines chavirées sous les griffes acérées. Faysal est de retour dans la ligne de mire des souvenirs insistants, nostalgiques.
« Et comme ces dernières semblent invincibles, dressées telles des guerrières insoumises et gardiennes de la terre. »
Faysal retourne la terre de ses mains. Il se rappelle de la vie ici-bas dans l'avant annexion, lorsque tout était encore plausible.Le palais fantôme, ruines devenues, laissent les ombres déambuler encore. Faysal parle la langue Babel, celle qui honore la mémoire des lieux. Les images s'accrochent aux larmes du ciel, aux couleurs froissées. L'infini d'une vie symbolique lorsque cet endroit enivrant d'Histoire était profondément vivant et de plénitude vêtue.
« En sillonnant la maison, j'ai retrouvé et les odeurs et le toucher, j'ai retrouvé l'ouïe et j'ai su écouter enfin comme je le faisais avant le bruissement des ailes de nuit. Ce serait mentir. »
Ses pas sont initiatiques, des empreintes où s'entrechoquent les malheurs et les turbulences, le majestueux passé auprès des siens envers et contre tout.
« Depuis vingt-cinq ans, ma vie est vide sans toi. Bonjour, bonjour Ayoub. La mort t'a adouci. »
Le village de Jabalayn est un berceau renversé, une coquille écrasée du pied. Les hommes ne sont plus. Lande étouffée par le nauséabond. le palais des deux collines est fissures et douleurs. Les brûlures ne cicatrisent pas, terre arrachée tel un drap trop vite séché. Faire disparaître le goût acide des abricots, la paix tranquille et la liberté comptée. Pourtant il suffisait juste de penser l'autre avant soi-même. de faire chanter les possibles et d'étreindre le cosmopolite. Ce livre grave, poignant est une rencontre précieuse avec Karim Kattan, tant il connaît le miracle des mots. Tant son écriture est douce et loyale.
« Connais-tu, au moins, l'âme du pays, son bruissement ? Là-bas, et plus près d'ici, tu n'entends pas des centaines de villages chanter ? »
Ce livre est un témoignage crucial, la langue nouvelle qui soulève les sables brûlants. Mémoriel, certifié, douloureux, olympien car juste. En lice pour le prix Hors Concours 2021. Publié par les Éditions Elyzad.

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