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Critique de Meps


Meps
22 septembre 2021
Je commence à prendre une drôle d'habitude, celle de découvrir certains Nobels par des livres qui ne sont pas forcément leurs plus connus. Après l'expérience Saramago qui fut plutôt une réussite, voici ma première rencontre avec Yasunari Kawabata.

C'est en 1968 que le Japonais obtint le Nobel, quatre ans avant son décès, l'Académie avait su pour une fois être "à l'heure", elle qui avait loupé certains auteurs à cause de leur décès "précoce" (comme Valéry ou Proust). Kawabata est reconnu par tous comme un auteur majeur du XXème siècle et le prix vient consacrer pour la première fois un auteur japonais. Son style est très épuré, recherchant à traduire le plus simplement possible les sensations.

Tristesse et Beauté est le dernier roman de l'auteur. On ne peut que songer au côté fortement autobiographique de l'oeuvre puisqu'un des personnages principaux est écrivain et que la relation décrite avec Otoko ressemble fortement à celle que l'auteur a pu connaitre étant étudiant avec la très jeune Hatsuyo, qui servira d'inspiration à l'auteur pour nombre de ses personnages féminins selon les spécialistes.

C'est une sorte de quatuor amoureux que crée ici l'auteur, entre Oki (le double de l'auteur) son fils Taichiro, Otoko donc et son élève Keiko. Les histoires se mélangent, entre les souvenirs des deux personnages principaux et les nouvelles relations liées dans le présent. L'auteur retranscrit bien les hésitations, les espoirs des anciens amants et le climat devient de plus en plus malsain, notamment autour du personnage de Keiko. On verrait très bien cette histoire adaptée au cinéma sous forme de thriller psychologique. Sous la banalité de certains dialogues ou de certaines scènes vient poindre l'étrange et le dérangeant, que l'on sent devoir se dénouer tragiquement.

Les réflexions parallèles menées autour de l'art (écriture pour Oki, peinture pour Otoko et Keiko) sont le plus souvent intéressantes même si parfois obscures. le cadre traditionnel japonais des jardins de pierre ou des artistes de kabuki est parfois totalement adéquat, et sonne parfois faux, comme juxtaposé au récit. Il en est de même des nombreuses références littéraires, artistiques ou historiques, peut-être aussi parce qu'elles m'ont moins parlé qu'à un lecteur japonais. Ces parties "culturelles" semblent parfois des ajouts juxtaposés au récit, tant elles forment des blocs totalement séparés de l'intrigue principale.

Il reste de tout ça un talent réel dans le style, avec une froideur apparente toute orientale qui cache le feu sous la cendre. Au vu de certaines critiques, je ne peux quasiment qu'aller vers le mieux avec cet auteur en me dirigeant vers les oeuvres plus renommées... et comme la lecture des Nobels n'est clairement pas une épreuve pour moi, comme vous avez du vous en rendre compte, cela augure de beaux moments de découverte.

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