Nous sommes en train de retirer un à un ces longs barbelés enfoncés dans nos corps. Tout seul, ce serait impossible, mais en conjuguant nos forces... Un jour, nous pourrons tendre la main vers ce ciel éclatant.
Lorsqu'une douleur est impossible à calmer, la seule solution n'est-elle pas de la noyer dans une autre douleur? Et ainsi pouvoir oublier ne serait-ce qu'une seconde?
Nous ne faisions que mentir, le sourire aux lèvres.
C'était notre façon de survivre.
Fouettés par le vent, éblouis par le soleil, pris de vertige sur cette falaise longue et étroite, en nous efforçant de ne pas tomber, nous fermions les yeux.
- C'est bien, tu ne t'es pas coupé.
En vérité, c'est arrivé une seule fois. J'étais si seul et si triste... mais ça m'a fait si mal, si mal... J'ai seulement ressenti de la douleur et de la peur... Et j'ai compris que cela n'apaiserait pas mon cœur.
Nous étions debout dos à dos sur une étroite falaise. Et de là, nous contemplions le monde en même temps.
Une coupure si longue et si profonde qu'il est difficile d'en demander la cause.