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Citations sur La mosaïque de Sarance, tome 1 : Le chemin de Sarance (24)

Nous ne pouvons pas même empêcher des enfants de mourir, comment oserions-nous présumer connaître la vérité du monde ?
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Il y en avait déjà deux ou trois mille sur la vaste place quand il arriva au pied des hauts murs de l’Hippodrome, plongés dans l’ombre. Le simple fait de se trouver là l’excitait, dissipant les dernières traces de sommeil. Il troqua son ordinaire habit brun pour une tunique bleue hâtivement tirée de sa sacoche, la modestie étant sauve grâce à l’obscurité. Il rejoignit un groupe d’autres hommes vêtus de la même façon. Il avait fait cette concession à sa femme deux ans plus tôt après avoir été roué de coups par des partisans des Verts, pendant une saison estivale particulièrement déchaînée : il portait des habits passe-partout tant qu’il ne se trouvait pas relativement à l’abri au sein d’un groupe d’autres partisans des Bleus. Il en salua quelques-uns par leur nom, et on l’accueillit avec bonne humeur. Quelqu’un lui tendit une coupe de vin à bon marché, il en prit une gorgée et fit passer la coupe.
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Il quitta la salle en martelant d’un pas ferme les mosaïques du sol ; d’une imposante carrure, il était encore vigoureux pour ses soixante ans. Les deux autres échangèrent un regard. Adrastus détourna les yeux le premier pour contempler le défunt sur son lit d’apparat, et l’oiseau serti de pierreries posé sur un rameau d’argent auprès du lit. Aucun des deux hommes ne rompit le silence.
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Le jeune Léontès l’attendait dehors. Valérius lui donna des instructions détaillées, qu’il avait mémorisées quelque temps plus tôt en prévision de ce jour. Son préfet entra dans les baraquements et Valérius entendit, un peu plus tard, le bruit des Excubiteurs – ses hommes depuis dix ans – en train de se préparer. Il prit une profonde inspiration ; son cœur battait avec force, il en était conscient – il savait aussi qu’il devait dissimuler l’intensité de ses émotions. Il devait envoyer un coureur informer Pétrus, à l’extérieur de l’Enceinte impériale : Apius, Saint Empereur de Jad, n’était plus, et la partie cruciale allait commencer. Il adressa au dieu sa gratitude silencieuse : le fils de sa sœur était plus doué, et de loin, que les trois neveux d’Apius. Il vit Léontès et les Excubiteurs émerger des baraquements dans les ombres annonciatrices de l’aube.
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C’était jour de courses à l’Hippodrome et Astorgus des Bleus avait gagné les quatre dernières lors de la précédente rencontre. Le cordonnier Fotius avait gagé une somme qu’il ne pouvait se permettre de perdre, en pariant que le conducteur champion des Bleus gagnerait les trois premières courses de la journée, ce qui en ferait sept d’affilée, un chiffre bénéfique. Fotius avait rêvé le nombre douze la nuit précédente ; trois courses de quadriges, ça voulait dire qu’Astorgus conduirait douze chevaux, et quand on additionnait le un et le deux du douze… eh bien, ça redonnait trois ! S’il n’avait vu un fantôme sur le toit de l’arcade faisant face à son échoppe, la veille, dans l’après-midi, Fotius se serait senti bien sûr de son pari.
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C’était une nuit douce pour l’été, avec une brise venue de la mer. Il ferait très chaud par la suite, au début des courses ; les bains publics seraient bondés pendant la pause de la mi-journée, tout comme les tavernes. Fotius, songeant toujours à son pari, se demanda s’il aurait dû s’arrêter en chemin dans un cimetière avec une tablette de sorts à rencontre du principal conducteur des Verts, Scorlius. C’était ce gamin, Scorlius, qui allait sûrement se dresser – ou conduire son char – entre Astorgus et ses sept triomphes. Il s’était blessé à une épaule dans une chute à mi-rencontre, la fois précédente, et n’avait pas été en piste lorsque Astorgus avait superbement gagné ces quatre courses d’affilée à la fin de la journée.
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On avait poignardé un apprenti de la guilde du Lin dans un tripot des docks deux jours plus tôt ; on venait de l’enterrer : parfaite occasion, pour les suppliants munis de tablettes, d’aller implorer une aide du dieu sur la tombe d’un tout récent trépassé de mort violente. Les sorts inscrits sur la tablette en devenaient d’autant plus puissants, c’était bien connu. Il n’aurait que lui-même à blâmer si Astorgus perdait aujourd’hui. Comment il paierait Pappio s’il perdait, il n’en avait pas la moindre idée. Il choisit de ne pas y penser, pas plus qu’à la réaction de sa femme. « Allez, les Bleus ! » lança-t-il brusquement. À proximité, une vingtaine d’autres s’animèrent pour reprendre son cri. « Allez vous faire enculer, les Bleus ! » répliqua-t-on, réaction prévisible, de l’autre côté de la place.
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Les Excubiteurs, des centaines, en armes, armures bouclées sur leurs tuniques rouges et or, se déployaient dans le forum de l’Hippodrome, en provenance de l’Enceinte impériale. Un fait assez inhabituel à cette heure pour être réellement terrifiant. Deux petites émeutes avaient éclaté l’année précédente, alors que les partisans les plus enragés des deux couleurs en étaient venus aux mains ; des couteaux avaient fait leur apparition, des gourdins, et on avait envoyé les Excubiteurs pour aider les hommes du Préfet urbain à réprimer les émeutiers. La Garde impériale de Sarance excellait dans la répression. Chaque fois, en conséquence, une vingtaine de morts avaient jonché le pavé.
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Puis, homme ordinaire parmi les humains ordinaires, le cordonnier Fotius comprit qu’il n’y aurait pas de courses ce jour-là. Que son téméraire pari avec le souffleur de verre était annulé. Perçant terreur et chagrin, un éclair de soulagement le traversa tel un brillant rayon de soleil. Trois courses d’affilée ? Un pari de fou, et il en était quitte.
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« Entendez-moi ! dit-il. Nul n’aura à souffrir ici si l’ordre est maintenu. Vous voyez nos étendards. Ils en disent assez. Notre glorieux empereur, le bien-aimé de Jad, son régent trois fois honoré sur la terre, nous a quittés pour rejoindre le dieu dans sa gloire, de l’autre côté du soleil. Il n’y aura pas de courses de chars aujourd’hui, mais les portes de l’Hippodrome seront ouvertes afin de vous permettre de vous réconforter les uns les autres tandis que le Sénat impérial s’assemble pour proclamer notre nouvel empereur.
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