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Citations sur Rapport au Greco (11)

Si je raconte en détail mes années d’enfance, ce n’est pas parce que le charme des premiers souvenirs est grand, c’est parce qu’à cet âge, comme dans les rêves, un détail apparemment insignifiant révèle, autant que le fera plus tard une analyse psychologique, sans fard, le véritable visage de l’âme. Et parce que les moyens d’expression, à l’âge enfantin ainsi que dans les rêves, sont très simples, la richesse intérieure, même la plus complexe, est débarrassée de tout le superflu : il ne reste que la substance. (…)
L’enfant absorbe insatiablement le monde, le reçoit dans ses entrailles, l’assimile et le transforme en enfant.
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Nous ne pouvons pas changer la réalité, dit un mystique byzantin qui m’est cher, - changeons donc l’oeil qui voit la réalité. C’est ce que je faisais quand j’étais enfant, c’est ce que je fais encore dans les instants les plus créateurs de ma vie.
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Mon Rapport au Greco n'est pas une autobiographie : ma vie personnelle n'a de valeur, très relative, que pour moi seul et pour personne d'autre ; la seule valeur que je lui connaisse est celle-ci : sa lutte pour monter de degré en degré et pour parvenir aussi haut que pouvaient la mener sa force et son obstination - au sommet que j'ai moi-même nommé le Regard Crétois.
Tu trouveras donc, lecteur, dans ces pages la ligne rouge, faite des gouttes de mon sang, qui jalonne mon chemin parmi les hommes, les passions et les idées.
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J’ai dit à l’amandier :
– Frère, parle-moi de Dieu.
Et l’amandier a fleuri.

(p. 219)
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Et les hommes sentaient que je n'avais pas besoin d'eux, que je pouvais vivre sans leur conversation, et ils n'ont jamais pu me le pardonner.
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Je sentais au fond de moi-même mon cœur qui criait ; il avait beaucoup de reproches à faire à Dieu, il n'était pas d'accord avec lui, l'heure était venue de lui faire un rapport et de lui dire enfin sans ambages son indignation et sa peine. Les années passaient, je passais avec elles, il ne fallait pas que la terre me ferme la bouche avant que je n'aie eu le temps de parler. Tout homme à un Cri à lancer dans les airs avant de mourir, son Cri ; il faut se hâter pour avoir le temps de le lancer. Ce Cri peut se disperser, inefficace, dans les airs, il peut ne se trouver ni sur terre ni dans le ciel d'oreille pour l'entendre, peu importe. Tu n'es pas un mouton, tu es un homme : et un homme cela veut dire quelque chose qui n'est pas confortablement installé, mais qui crie. Crie donc !
(p. 441-442, Éditions Cambourakis, traduit du grec par Michel Saunier)
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Il hésite sur le seuil lumineux. Il est difficile d’arracher ses yeux, ses oreilles, ses entrailles des pierres et des herbes du monde. On dit : je suis rassasié, calme, je ne veux plus rien, j’ai réalisé mon dessin, je m’en vais, mais le cœur s’accroche aux pierres et aux herbes, résiste, supplie : attends encore.
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La famille de mon père descend d’un village à deux heures de Mégalo Kastro, qui s’appelle les Barbares. Quand l’empereur de Byzance Nicéphore Phocas eut repris, au Xe siècle, la Crète aux Arabes, il parqua dans quelques villages tous les Arabes qui avaient échappé au massacre, et ces villages furent appelés les Barbares. C’est dans un de ces villages qu’ont pris racines mes ancêtres paternels, et ils ont tous des traits de caractère arabes : fiers, têtus, parlant peu, écrivant peu, tout d’une pièce. Ils accumulent en eux pendant des années la colère ou l’amour, en silence, et brusquement le démon s’empare d’eux et ils s’éclatent, déchaînés. Le bien suprême n’est pas pour eux la vie, mais la passion. Ils ne sont pas bons, ni accommodants, leur présence est pesante ; ils demandent beaucoup, non pas aux autres, mais à eux­-mêmes……
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Et soudain l'Eglise du Christ, ou du moins ce qu'en ont fait les porteurs de soutane, m'est apparue comme une bergerie où bêlent jour et nuit, s'appuyant les uns contre les autres, des milliers de moutons envahis d'une terreur panique, qui tendent le cou et lèchent la main et le couteau qui les égorgent; et les uns tremblent parce qu'ils ont peur d'être mis à la broche dans les flammes éternelles, et les autres ont hâte d'être égorgés pour brouter dans les siècles des siècles l'immortelle herbe printanière.
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J'étais allé tout seul au cap Sounion. Un soleil brûlant, c'était déjà l'été; les pins blessés déversaient leur résine et l'air embaumait; une cigale est venue se poser sur mon épaule et, pendant un long moment, nous avons cheminé ensemble; mon corps entier sentait le pin, j'étais devenu un pin. Et soudain, comme je sortais de la pinède, j'ai vu les colonnes blanches du temple de Poséidon et entre elles, étincelante, bleu sombre, la sainte mer. Mes genoux ont fléchi, je suis resté figé sur place. Voilà la Beauté, pensais-je, voilà la Victoire sans ailes, le sommet de la joie; l'homme ne peut pas arriver plus haut. Voilà la Grèce.
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