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Critique de Derfuchs


Malheur à celui qui blesse un enfant !
Ce petit bonhomme de 12 ans, complétement déraciné, paumé, entre une mère qui l'aime de temps en temps, dans un éclair de lucidité, un père qu'il ne connaît pas, existe-t-il ? Et une brute de "beau" père, alcoolique, shooté, immense, menaçant, méchant gratuitement, sale, puant, motard façon Hell Angel à pied. Tout est bon pour humilier la mère et l'enfant, coups, insultes. Il déchirera les livres et les cahiers de l'enfant y compris ce livre sur les présidents américains qu'il aime tant. Gratuitement, pour faire mal. Aussi, rien d'étonnant qu'il fugue sans regarder derrière lui et sans envie de retour? Qui s'en soucie ? Sa mère, il l'espère, Billy, de temps en temps, il y pense, il aimerait qu'il lui manque et puis, comme il est intelligent, surdoué, il ne se fait pas d'illusion et passe à autre chose.
Il fuit vers Los Angeles, la grande ville anonyme, s'installe dans une grotte dans un parc immense et, un soir, est témoin d'un crime atroce. Il ne voit pas grand-chose, juste l'immatriculation de la voiture. C'est suffisant, il sait qu'il en a trop vu, alors ce sera la fuite, encore et encore, sans but, si ce n'est celui de survivre. Pourtant, lui la mérite la vie. Il s'accroche au système, l'accepte car avec ses petites mains qu'y peut-il? La rue c'est la rue. Il vole, se débrouille, s'immisce à la bibliothèque et lit, emprunte et rend des bouquins, sauf un, le livre des présidents.
L'assassinée, femme d'un acteur de feuilleton à l'eau de rose, implique de prendre l'enquête avec des pincettes mais avec des résultats et vite car la police va de fiasco en fiasco. Alors, bien sûr, la hiérarchie policière commet des erreurs, comme laisser publier dans la presse le portrait robot du gamin, avec une prime de 25.000 $ à la clé, offerte par le père de la victime, pour tout renseignement. Ouverture de la chasse pour tous les affamés de fric, à commencer par la brute épaisse qui sert de beau père intérimaire à Billy et, bien entendu, l'assassin.
Un havre de paix s'ouvrira à Billy en la personne d'un vieux juif dont la famille a péri dans les camps de la mort et qui connaît la solitude, la désolation et la haine pour les avoir vécues bien des années plus tôt. Un peu de soleil dans l'eau froide. Cela ne durera que l'espace d'un soupir et la chasse se poursuivra inlassablement, jusqu'au dénouement.
J'ai aimé, j'en redemande. Billy chez Kellerman comme Mark dans le client de Grisham, sont des enfants comme il en existe beaucoup trop, avec ceci, en plus, que leur volonté de survie est supérieure à la normale et que c'est du roman, donc de l'imaginaire, certes mais la matière existe réellement. Billy Straight se singularise par l'écriture à deux voix, la narration et la réflexion ainsi que le ressenti de l'enfant, écrits à la première personne. Ces deux droites parallèles, heureusement, finiront par se rejoindre, après bien des péripéties et découvertes macabres au fil de l'avancée de l'histoire. Kellerman, l'enfance, il connaît, c'est son ancien boulot, donc c'est solide et bien écrit, sans fioriture, pas besoin. Style impeccable, vocabulaire de circonstance, selon les personnages, un chat reste un chat.
Petra Connor, inspectrice, se débat dans ce monde d'hommes et de vilenies à son avantage. Elle aussi a eu des hauts et des bas. Elle aussi est victime de la société. Pas de nombrilisme, pas d'apitoiement, à la fin, un peu, avec le gamin, juste quelques pages, doit-on en faire grief à Kellerman ? Je ne voterai pas dans ce sens. Il m'a pris aux tripes cet homme, m'a guidé à la suite de Billy, il a fait de moi un défenseur, un participant, un vengeur, un redresseur de torts...Bref, une lecture d'excellent aloi, qui appellera une relecture, pas tout de suite, un jour, certainement.
Malheur à celui qui blesse un enfant !
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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