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Critique de Sarindar


Louis XI, c'est d'abord le fils de son père : Charles VII. Tous deux se ressemblent dans l'art de la dissimulation et dans la ruse et la rouerie. Tous deux préfèrent user de diplomatie plutôt que de recourir aux armes, sauf quand ils ne peuvent faire autrement (et cela arrivera souvent, et ils ne se déroberont ni l'un ni l'autre quand il le faudra). Cette comparaison n'a pas été faite - ou en tout cas pas avec l'insistance souhaitable - par Paul Murray Kendall, et c'est dommage.
Car les deux hommes, père et fils, vont s'opposer durement ; la cause de leur affrontement : le fait que Charles VII trahit la foi conjugale, et trompa la mère du futur Louis XI, Marie d'Anjou, dans les bras d'Agnès Sorel, pendant plusieurs années, rendit Louis haineux contre son père ; il n'en pourra plus d'attendre que son père disparaisse, un père qui régna trop longtemps à son goût - un règne de victoire et de reconquête de la France sur les Anglais ; et Louis, de guerre lasse jouera, apprendra son futur métier de roi en gouvernant le Dauphiné ; mais son esprit d'intrigue contre Charles l'amènera à participer à de véritables ligues, dont la plus connue est la Praguerie (Charles n'était pas aimé par de nombreux nobles qui voyaient le pouvoir monarchique se renforcer à leur détriment) ; sa révolte le conduisit à se réfugier chez Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et il y fit la connaissance du fils de ce dernier, le jeune comte de Charolais, qui deviendra plus tard le duc Charles le Téméraire, qui sera le plus farouche ennemi de Louis XI, mais pour l'heure ils sympathisèrent. Paul Murray Kendall décrit tout cela magnifiquement.

Puis vint l'heure de la succession en 1461 : Louis XI eut tout de suite à faire face à une nouvelle rébellion de nobles, duc de Bretagne en tête, révolte à laquelle vint s'ajouter Charles le Téméraire et que l'on appela la Ligue du Bien Public ; la bataille de Montlhéry, livrée en 1465, magistralement décrite par Paul Murray Kendall, laissa Louis XI maître du lieu du combat, parce qu'il sut tenir bon face à ses adversaires.
Il comprit alors ce que son père avait pu ressentir devant ces révoltes nobiliaires contre l'autorité royale pour récupérer des droits qui leur avaient été confisqués, comme si leur temps n'était pas révolu.
Louis XI apprend des épreuves,comme lorsqu'il ira se jeter dans la gueule du loup, le Téméraire, à Péronne, alors que la ville de Liège dont il soutenait la cause secrètement entrait en révolte contre le prince-évêque, partisan du duc de Bourgogne.
Louis XI ne répétera plus cette erreur. Il laissera le Téméraire se perdre dans les fumées de ses rêves devant Neuss, puis en Suisse (Grandson et Morat en 1476), et mourir lamentablement en assiégeant Nancy en 1477.
Avec les Anglais, englués dans la guerre fratricide des Deux Roses entre York et Lancastre, mais toujours menaçants, en tout cas à certains moments, et Louis XI manoeuvrera le comte de Warwick, en se l'attachant, et nous évitera de la sorte et par d'autres moyens un redémarrage du conflit entre France et Angleterre. Il devint ainsi le plus grand diplomate et le plus grand manipulateur de son temps, et ce pour le plus grand bonheur du royaume. Paul Murray Kendall a mis l'accent là-dessus.
Sur le plan économique, le roi favorisa l'essor de plusieurs secteurs et fut particulièrement favorable à ce qui se passait à Lyon autour de la soie et des textiles.
L'image de l'homme ne saurait être complète si l'on ne parlait de son esprit superstitieux, de l'importance qu'il accordait aux "saintes médailles" auxquelles il prêtait des pouvoirs bénéfiques, que la ferveur religieuse décuplait à ses yeux, et enfin de sa grande piété mariale. On sait qu'il fera un lieu de pèlerinage personnel du petit sanctuaire de Notre-Dame de Cléry.
Walter Scott en 1823 avec son Quentin Durward avait donné du roi une image ténébreuse - et de même Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris.
Quelle que soit cette façon de l'imaginer, il n'en reste pas moins l'un de nos plus grands chefs d'État. Et nous devons remercier Paul Murray Kendall d'avoir cherché à nous le montrer tel qu'il fut, et non tel que nous l'avions imaginé à travers la littérature - aussi belle qu'ait pu être celle-ci.

François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)

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