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Critique de motspourmots


C'est le genre de gros bouquin qu'on a envie de glisser dans son sac pour un long week-end d'automne à la campagne au coin du feu. de ceux qui promettent le dépaysement mais n'en oublient pas pour autant de semer quelques graines dans l'esprit du lecteur, de chatouiller un peu ses idées reçues. de lui rappeler qu'il fut un temps où il croyait encore aux fées et aux lutins lui aussi. Bref, de lui redonner le goût des légendes qui se transmettent depuis des millénaires ; tout en interrogeant sur ces croyances auxquelles les humains ont besoin de se raccrocher pour tenter de trouver un sens aux drames de leur vie.

C'est un livre qui fleure bon l'Irlande, ses nuances de vert et ses paysages humides. L'Irlande du 19ème siècle, celle des campagnes et de la pauvreté, pommes de terre à tous les repas, pieds nus dans la terre, fumets des corps fatigués mélangés à ceux des bestiaux dans les chaumières. La vie de Nora bascule le jour où son Martin s'écroule d'un coup dans le fossé qu'il était en train de creuser. La voilà veuve en charge de son petit-fils, Michéal alors qu'elle n'avait pas fini de pleurer le décès de sa fille unique. Deux morts en quelques mois, il n'en faut pas plus pour que les habitants du village interrogent les signes et cherchent l'objet du malheur. Ne serait-ce pas cet enfant justement, qui, à quatre ans ne parle pas, ne se tient même pas sur ses jambes et pousse des hurlements terribles ? Nora aussi s'interroge. Est-ce bien l'enfant de sa fille ou bien les fées l'ont elle échangé contre un des leurs ? Mary, la jeune fille engagée par Nora pour s'occuper de l'enfant semble parvenir à le calmer parfois mais Nora s'enfonce dans ses croyances et demande à Nance, la guérisseuse qui vit au-dessus de la vallée de l'aider à retrouver son "vrai" petit-fils, tandis qu'autour d'elle, l'ambiance se fait de plus en plus suspicieuse, surtout lorsque le nouveau curé se met en tête de détourner durablement la population de ces superstitions d'un autre âge...

Il faut saluer la performance de l'auteure qui nous plonge dans cette campagne irlandaise avec un soin extrême dans la reconstitution sans jamais nuire à la fluidité de la narration. Par-delà les croyances et la mythologie, le récit est un bel hommage à la nature et à ses pouvoirs infinis à travers le personnage de Nance, vieille femme solitaire qui connaît chaque fleur, brin ou branchage, et qui parle aux "Bonnes Gens", ces petits êtres invisibles qu'il ne faut surtout pas fâcher. Les clans s'opposent. L'Eglise n'entend pas laisser son influence se dissoudre dans les superstitions. Quant aux individus... ma foi... ils finissent par prendre le parti qui les arrange. Et le lecteur, lui, est invité à s'interroger sur ce qui pousse chacun à tenter de trouver des explications la plupart du temps irrationnelles pour expliquer l'inexplicable. Comme l'infirmité qui frappe un enfant.

Au cours de ma lecture, je me suis surprise à avoir envie que Nance ait raison, que le petit peuple des Fairies existe bel et bien... Mais l'auteure prend garde à livrer un roman qui évite tout manichéisme. Les personnages sont complexes, et la vérité sûrement pas unique. Les sentiments évoluent au fil de l'intensité dramatique. D'une histoire vraie, elle compose un récit tendu (malgré quelques longueurs) qui se lit avec grand plaisir et un réel intérêt.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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