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Critique de QuelsCaracteres


Quand j'ai lu la courte note sur Liliane Kerjan, en liminaire de cette biographie de Truman Capote qu'elle a écrite, j'ai immédiatement trouvé cette femme sympathique : agrégée, docteur ès Lettres, spécialiste de littérature américaine, auteur de livres sur Arthur Miller, Francis Scott Fitzgerald, ou bien encore Tennessee Williams. Mais pourtant, autant le dire tout de suite, le livre ne m'a pas convaincue. Certes, moi qui ne connaissais pas précisément les détails de la vie de Capote, dont j'apprécie énormément l'oeuvre, j'ai appris des choses ; mais cet ouvrage n'a pas constitué un plaisir de lecture. J'ai décroché au tournant de quelques pages, je me suis ennuyée, j'ai hésité à poursuivre et j'ai terminé sans effusions d'enthousiasme. Rien de flamboyant dans ce texte qui parle pourtant d'un auteur qui l'était tant ! Cette biographie ne nous le rend ni sympathique – mais j'étais déjà acquise à sa cause, conquise d'avance - ni ne nous dévoile sa part d'ombre, son mauvais visage. Et l'on n'a pas du tout l'impression, au fil des pages, de se sentir plus proche du personnage. J'ai refermé le livre sans avoir sondé, ou si peu, sa personnalité, ses fêlures, les épisodes marquants de sa vie, ses amitiés, ses inimitiés…

L'auteur suit plus ou moins la ligne chronologique, mais elle procède aussi par sorte de thèmes (à titre d'exemples tirés au hasard : « L'enfant prodige au New Yorker » p.65, « Quand le dandy New-Yorkais devient méditerranéen » p.111, « La maison de Sagaponack » p.177, « Affinités sudistes » p.218). La structure du livre est d'ailleurs étrange : il se divise en quatre grandes parties aux titres un peu curieux : « À l'état pur : l'innocence sulfureuse », « À l'état pur : les fêtes et les crimes », « Mélanges toxiques », « Ponctuation finale ». Grandes parties qui se subdivisent elles-mêmes en sous-parties, à l'intérieur desquelles on trouve encore une autre fragmentation, comme des chapitres, signalés à chaque fois par un titre en majuscules. Ce foisonnement de parties et de sous parties et leurs cortèges de titres et de sous-titres, donnent un effet désordonné, fouillis. J'imagine que cela avait pour but de structurer l'ouvrage et de guider plaisamment le lecteur dans le fleuve d'informations et d'anecdotes que représente une existence humaine. Ce qui peut être très judicieux en effet. Mais l'organisation n'est pas assez nette, pas assez pensée, cohérente et ludique. En raison du mélange ordre chronologique et thèmes, il y a parfois comme des chevauchements qui sont un peu dérangeants. Au détour d'une page, on revient en arrière, dans une période qui précède dans le temps l'épisode qu'on vient de lire. Ce qui fait que j'avais du mal à situer dans une frise chronologique les évènements que j'étais en train de découvrir. Je devais sans cesse me référer aux dates, vérifier et, au final, je n'ai qu'une perception confuse de l'enchaînement de certains faits.

Une biographie qui manque de flamboyance comme je le disais, Liliane Kerjan ne fait pas montre ici du talent de raconteuse qui donnerait du piquant, du relief, mêlant humour, émotions, détails révélateurs et chutes spirituelles. C'est plat. Et le style est même plutôt mauvais. J'ai bondi à la lecture de certaines phrases : maladresses, lourdeurs, (« Mais Perry se montre soupçonneux vis-à-vis de capote les trois ou quatre premiers mois, et ne se livre, avec le temps, qu'avec parcimonie » p.158, « Enfant mis à l'écart, il cultive les écarts » p.215), ponctuation brouillonne ( « C'est que, depuis une douzaine d'années, Capote s'entraîne méthodiquement à la restitution de mémoire – visuelle, avec une page d'annuaire téléphonique, auditive, à partir d'une conversation : là, il joue à faire le magnétophone. » p.157) et formules kitch ( « Il sait capter l'attention et la lumière, prêt à se déguiser pour les émissions de variété, toujours prompt à séduire et éblouir, saltimbanque à ses heures, mais qui pourtant, sous le divertissement, fait sentir les transitions ténues entre ses enthousiasmes d'un soir et la profondeur de sa souffrance cachée » p.217).

Sans surprises, les meilleurs passages sont ceux nés de la plume de Capote lui-même. C'est encore lui qui se raconte le mieux.

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