L'Adulte surdoué

Débarrassés de notre faux self, nous pourrons commencer à envisager de nouer des relations substantielles, que ce soit en famille, dans le couple, sur le lieu de travail ou en amitié. En effet, la clé d'une relation riche et épanouissante réside dans la confiance. Confiance : en latin con fides, "avec foi". La confiance résulte d'un contexte de sécurité affective qui s'affirme tant que nous offrons notre vrai visage, notre self, et que l'autre nous offre sa vérité en retour. Alors, nous dévoilons notre identité profonde, dépourvue de toute défense (donc de tout faux self), en toute vulnérabilité.
Il faut comprendre que les relations humaines, quelle que soit leur nature, amoureuse, professionnelle ou amicale, résultent moins d'une volonté que d'un équilibre - prendre soin de l'autre et sentir qu'il prend soin de nous en retour -, sans avoir à modifier qui nous sommes profondément pour en saisir toute l'authenticité (p. 166-167).

Il a besoin de nourrir sa curiosité naturelle, de faire travailler son intelligence en la confrontant à des problèmes concrets, de trouver des solutions, d’échanger sur les questions qui le taraudent.

L’énergie dont est capable de faire preuve un surdoué est impressionnante et épuisante pour les autres. Tout le monde est fatigué ? Il continue. Les autres pensent le combat impossible, il s’y confronte. L’issue d’une situation paraît bouchée, il trouve des solutions. Toujours. Comme le petit enfant, le petit zèbre inépuisable qu’il continue à être. Il n’est jamais fatigué. Cette énergie, c’est en lui qu’il la trouve, dans sa constitution aussi qui a de grandes réserves. Certaines fois, il est si absorbé dans sa tâche, concentré jusqu’à l’extrême, qu’il en oublie tout. Le temps qui passe, les impératifs environnants, les autres, les contraintes. Y compris les bases physiologiques.

On a longtemps pensé que, pour raisonner intelligemment, il fallait le faire froidement. Depuis Descartes, nous vivons dans la conviction que l'émotion va nous conduire à l'erreur. Que si l'émotion va nous conduire à des erreurs. Que si l'émotion s'en mêle, on perdra toute capacité de jugement et on se trompera. Surprise : c'est totalement faux ! C'est même le contraire. L'émotion est ,nécessaire à la pensée. Sans émotion, on prend des décisions, on tire des conclusions comportements "débiles". On perd le sens des choses et de la réalité. Par exemple, si vous ne ressentez aucune émotion, vous ferez des erreurs d'appréciation et vous risquerez de faire des choix contraires à votre intérêt ou à celui des autres. Sans émotion, le cerveau perd la raison !

Il faut reconnaître que l'insertion professionnelle est particulièrement épineuse pour le surdoué. Il n'existe pas de profession idéale pour lui, mais un très grand nombre sont incompatibles avec sa différence !

Les grosses sociétés très hiérarchisées où sa créativité sera étouffée par exemple. La fonction publique où il ne peut qu'être malheureux.

La recherche de petites structures, où il pourra exploiter son indépendance de vues et sa liberté de pensée sont à préférer.
Une profession qui lui lance un défi permanent, qui stimule son intelligence, sa soif de connaissance, sera idéale. Et s'il en a les moyens et le désir, pourquoi pas créer sa propre entreprise ? Seul, ou avec d'autres surdoués ...

La vie quotidienne n'est pas toujours facile pour autant
[même quand des surdoués se sont mariés, et dans ces cas l'union peut durer très longtemps, comme le précise l'auteure un peu plus haut].

Les deux peuvent être brillants, mais considérer leur métier, l'éducation des enfants, le style de vie sous des angles différents. Il est important, dans ce cas, qu'ils reconnaissent leurs différences, acceptent celle de l'autre et en parlent.

La gémellité intellectuelle, dans le couple, garantit des réponses adéquates aux surdoués, si singuliers dans leurs affects. L'intensité avec laquelle ils vivent leurs relations sentimentales, familiales, amicales ou amoureuses étouffe très souvent leur(s) partenaire(s).
L'époux ou l'épouse surdoué(e) saura recevoir cette intensité et y réagir.

Plus que pour n'importe quel autre individu, le surdoué rêve de construire sa relation amoureuse sur les notions d'entente et de complicité.
En consultation, il avoue souvent son désir de trouver un ami en la personne du conjoint. Il a besoin d'une harmonie intellectuelle, d'un double à qui confier ses projets, ouvrir son cœur, qui partage ses vues, son rythme et comprenne - à défaut de la partager - sa différence.

L'excitabilité, l'intensité de l'attente, les capacités d'empathie, le perfectionnisme et un profond sens des responsabilités qui caractérisent l'adulte à fort potentiel peuvent être source de difficultés dans ses rapports au monde. Ses qualités intellectuelles peuvent lui valoir des jalousies ; celles des femmes effraient. Son humour des ennemis.

Il lui faut alors gérer sa façon d'être, l'impact de ses propos et, en même temps que les demandes de ses proches, gérer le flux de ses émotions, les souffrances que son empathie et sa compassion lui infligent.
Il faut aussi établir les bonnes distances, se ménager des plages de solitude, apprendre à être un peu égoïste.
Apprendre à se taire lorsqu'on est trop enthousiaste, ou à parler si l'on s'est refermé comme une huître dans le mutisme et la solitude.

Trop. L'adulte surefficient est toujours "trop",
et ce sont ces excès qu'il lui faut apprendre à corriger.

Il faut renverser les obstacles que constituent les peurs, les critiques, l'obsession du contrôle et tout ce qui limite notre champ d'expérience.
Le bonheur s'apparente à un voyage dont le déroulement, les escales permettent de nous enrichir, en dépit des intempéries et des empêchements.

Il est vrai que l'adulte surdoué manifeste une inaptitude chronique au bonheur. Pourtant, paradoxalement, il est aussi l'être le mieux nanti pour le connaître : son énergie, sa sensibilité, sa créativité, son sens des valeurs sont des atouts fondamentaux pour s'épanouir et se réaliser, et trouver l'harmonie dans l'expression pleine et joyeuse de ses talents - tout ce qui, justement, correspond à un état de bonheur, ou du moins rend heureux.

Et les adultes surdoués ? Quelle est leur place dans cette société qui vit le bonheur comme un objectif, sinon comme un droit ?
Leur esprit critique, leur soif d'absolu, leur façon de penser, leur regard sur le monde leur donnent-ils la moindre chance d'accéder au bonheur ?