Il s'agit, je l'ai précisé au démarrage, de la 11eme aventure de Bernie Gunther, et je suis toujours là. Alors, autant le dire d'entrée : je suis fan, et, à ce titre, mon objectivité est probablement discutable. Voire, totalement discutable. Mais je vais néanmoins vous donner mon avis sur ce livre, charge à vous de le prendre pour ce qu'il est !
Je ne sais pas comment fait
Philip Kerr, mais il parvient à nous livrer à chaque fois des histoires très variées, mais avec un fil conducteur très net. Et, soit il est lui-même, comme son héros, un redoutable joueur d'échecs – malgré ce qu'en dit
Somerset Maugham à la fin du livre -, et capable de prévoir ses coups très à l'avance ; soit il a une capacité d'adaptation remarquable.
Dans cet opus, c'est dans l'entourage de l'immense écrivain – mais également membre, un temps, des services secrets britanniques – qu'est
Somerset Maugham que se déploie l'intrigue. Et quelle intrigue !
Alors que les services secrets anglais (MI5, MI6) sont profondément atteints par la trahison de Guy Burgess et Donald Mclean, passés à l'est après avoir transmis des informations aux services secrets de l'Union Soviétique pendant près de 20 ans, Harold Heinz Hebel tente de faire chanter
Somerset Maugham, d'abord avec une photo illustrant les frasques homosexuelles de l'auteur, en présence de plusieurs agents soupçonnés d'être des traîtres, puis avec des enregistrements des confessions de Guy Burgess. Mais derrière, c'est Roger Hollis, directeur du MI5, qui semble visé…
Bernie Gunther, au milieu de ce panier de crabes, se prend d'amitié pour l'auteur vieillissant, redécouvre l'amour avec Anna French, mais, surtout, se retrouve plongé dans un temps de son passé que nous ne connaissions pas encore… Une fois encore, on retrouve son humour acide, pétri d'un désespoir profond et d'une lassitude extrême nourri de ce qu'il a traversé. Je ne résiste pas à une autre citation qui illustre assez bien, me semble-t-il, son état d'esprit défaitiste, mais d'un profond romantisme tout germanique :
« À mes yeux, la perfection absolue de la villa Mauresque était imparfaite. Jamais je n'aurais pu appartenir à un endroit comme celui-là, parmi des hommes sans femmes. Les femmes sont des créatures à risque, mais c'est ça, la vie – prendre des risques. »
Une aventure bien ficelée, efficace comme Kerr sait nous les concocter. Un excellent moment de lecture qui amène, en plus, à réviser ses connaissances de l'histoire encore récente. Bref, tout ce que j'aime.
Si vous aimez les aventures de Bernie Gunther, précipitez-vous ! Et si vous ne connaissez pas, réjouissez vous : vous avez 11 aventures qui n'attendent plus que vous, alors mettez-vous en quête de
la Trilogie berlinoise, point de départ de cette saga…
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