Citations sur L'Europe en enfer, 1914-1949 (20)
Les Juifs occupaient une place unique dans la panoplie des phobies nazies. Pour Hitler et nombre de ses partisans, les Juifs représentaient un danger qui menaçait l'existence de l'Allemagne. A l'intérieur, ils étaient accusés d'empoisonner sa culture, de miner ses valeurs et de corrompre sa pureté raciale. A l'extérieur, on voyait en eux une puissance internationale nuisible du fait de leur domination présumée sur le capitalisme ploutocratique et le bolchevisme. L'élimination de la puissance juive et de son influence présumée était donc le pivot même de la vision utopique du renouveau national construit sur la pureté raciale.
En 1918, alors que les quatre années de carnage touchaient à leur fin, l'écrivain autrichien Robert Musil nota cyniquement dans son journal : "On peut ramener la guerre à la formule : on meurt pour ses idéaux, parce que cela ne vaut pas la peine de vivre pour eux."
On ne connaît pas avec exactitude le bilan de la famine en Ukraine. Les estimations les plus fiables tournent autour de 3,3 millions de morts de faim ou de maladies liées à la malnutrition. Pour l’ensemble de l’Union soviétique, il faut pratiquement multiplier ce chiffre par deux. Certaines nouvelles de l’horreur filtrèrent. Mais les admirateurs de l’Union soviétique les minimisèrent ou les rejetèrent comme simple propagande anticommuniste. En Europe occidentale, la plupart des gens ne surent rien de la famine.
Avec le triomphe du bolchevisme, la Première Guerre mondiale – considérée comme un conflit entre puissances impérialistes rapaces – disparut derrière le mythe héroïque de la guerre civile. Du fait d’impératifs idéologiques, la Grande Guerre ne pouvait avoir la moindre place dans la mémoire collective [russe].
Si les relations entre l’État fasciste et les grandes entreprises n’étaient pas exemptes de frictions, les intérêts communs – sans parler de la montée en flèche des profits de l’industrie liée à l’armement – étaient suffisamment importants pour assurer une étroite collaboration jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Plus de 2 000 personnes furent châtiées pour cannibalisme en 1932-1933 (Holdomor/Ukraine)
« Nous avons mangé tout ce qui nous tombait sous la main, entendit un responsable du Parti à son entrée dans un village : chats, chiens, mulots, oiseaux », et même l’écorce des arbres.
[Holodomor/Ukraine]
Malgré son radicalisme, cependant, le fascisme n’aurait pu asseoir sa domination sans le soutien des élites dirigeantes, qui associèrent leur sort au mouvement de Mussolini. Il ne prit pas le pouvoir, il fut invité à le prendre. Par la suite, les élites conservatrices, monarchistes, militaires et religieuses, redoutant le socialisme, approuvèrent les méthodes d’intimidation et de manipulation qui, en 1925, permirent au fascisme de s’assurer le quasi-monopole de l’État.
Les tirs d'artillerie furent responsables des trois quart des victimes françaises entre 1914 et 1917. A l'époque comme plus tard, les soldats observèrent comme il était facile de tirer à distance sur un ennemi anonyme. Les combats rapprochés - sauter dans les tranchées ennemies pour tuer un homme d'un coup de baïonnette, par exemple - étaient bien plus rares. Au printemps 1917, sur le front ouest, 0,1% seulement des victimes allemandes tombèrent au combat dans des combats corps à corps, et 76% sous les tirs d'artillerie.
Son [Hitlet] radicalisme – insistance sur l’unité nationale, l’autorité et l’ordre, tendance à imposer l’ordre par la violence contre ceux qui se mettaient en travers de sa route (gauche socialiste, révolutionnaires, grévistes) – n’était pas seulement compatible avec la classe dirigeante conservatrice : il la servait directement.