Citations sur La bibliothèque des écrivains (16)
Marc Dugain
Je me souviens d'une phrase de Paul Auster qui définit la littérature comme l'intimité entre deux personnes qui ne se connaissent pas.(p.99)
S’il y a une question à laquelle j’ai toujours eu du mal à répondre,
c’est bien « Quel est votre livre préféré ? » car choisir un livre, c’est
choisir une époque plus qu’un texte. Le livre que je préférais à six
ans n’est pas le même que celui de mes dix-huit ans, et celui que je
préfère aujourd’hui est différent de celui d’il y a dix ans. Répondre à
cette question reviendrait à se dédire continuellement et presque, en
quelque sorte, à renier l’enfant ou l’adolescente au profit de l’adulte.
Après tout, il fut un temps où Tom-Tom et Nana était mon livre
préféré. Et encore avant, il y a Les Aventures de Dindonneau, qui est la
première histoire dont je me souviens. Ce n’est pas un vrai livre, au
sens où il n’a pas été publié, mais le personnage a existé dans un
cahier de coloriage, me semble-t-il, et chaque soir mon père lui
donnait vie lorsqu’il venait dans notre chambre à mes frères et à moi
pour nous souhaiter une bonne nuit. Il s’arrêtait alors quelques
instants sur le pas de la porte, s’appuyait contre le mur et imaginait
pour nous les folles histoires de Dindonneau qui, comme tous les
petits dindons sans doute, vivait de grandes expériences et
triomphait de tous les dangers.
(p.11)
Patrick Chamoiseau
L'avantage des livres,c'est qu'ils n'ont pas de date de péremption. Ils escortent les âges et les époques, les éclaircies mentales,la naissance des rêves, les fuites organisées hors de soi ,hors du monde. (p.87)
Jerome Garcin
Alors,pratiquant la thérapie dont mon père avait lui-même usé après la mort accidentelle d'Olivier, je lis,compulsivement. Je me cherche des alliés substantiels,bienveillants et réconfortants. J'espère des âmes soeurs. Je veux aussi trouver des réponses aux questions qui m'accablent. (p.118)
Anne-Marie Revol
N'est-ce cependant pas le propre d'un livre réussi que de nous faire rire,frémir et pleurer pour des héros qui sont aux antipodes de ce que nous sommes ?
(p.200)
Marie Robert
(Un juste repos d'Amos Oz )
J'aurais dû mal à décrire l'impact que cette lecture a eu sur moi.j'ai lu ce livre à dix-huit ans,l'ai relu dix ans plus tard,mais je sais que ces pages n'ont jamais cessé d'infuser dans mon cœur et dans mon âme, Pourquoi partons-nous? Pourquoi restons-nous ? Fuir, est-ce survivre ou renoncer ? De quoi sont faits nos doutes ? Et comment deviennent-ils des décisions ? (p.202)
Marie Robert
-Un juste repos- (Amos Oz) est ce laboratoire qui permet d'observer nos comportements, et d'en noter l'étrange vanité. Le kibboutz dans lequel se déroule l'intrigue est un univers fermé, un espace où l'intimité n'existe pas,où l'individu se dissout au contact permanent des autres,où seul compte le bien de la collectivité, et pourtant, même dans l'extrême contrainte ,l'élan de vie demeure et les hommes refusent leur disparition. Le texte s'inscrit dans un contexte particulier, celui d'Israël et de la guerre des Six Jours, mais plus qu'un roman politique, c'est bien un récit métaphysique qui est proposé. Le cadre ne fait qu'ajouter de l'intensité à l'expérience, car du début à la fin,on retient son souffle,absorbé par cette lutte entre le collectivisme et l"individualisme,entre la vie et la mort.Nous vivons cette lutte comme si c'était la nôtre. (p.203)
Yves Pagès
Selon les âges de la vie,on ne cherche pas la même chose dans les livres : une chambre d'échos ou un ailleurs radical, un murmure ou un cri,un garde-fou ou un détonateur. (p.177)
[Anne-Marie Revol] :
Sentimentale par nature, j'entends rester fidèle à mes émotions d'adolescente. (...) N'est-ce cependant pas le propre d'un livre que de nous faire rire, frémir et pleurer pour des héros qui sont aux antipodes de ce que nous sommes ?
Gaëlle Josse
J'ai compris, avec les yeux,avec le coeur, avec le corps, que l'on peut dire sans dire,montrer sans montrer,que l'évocation, l'ellipse,l'allusion sont plus grandes que l'explication, car elles ouvrent des mondes infinis que le lecteur peut arpenter jusqu'à son seul épuisement. (p.124)