Par une enfance massacrée : voilà comment a débuté la vie de
Farida Khelfa.
Qui s'en serait douté en voyant l'icône de mode incontournable des années 80 qu'elle fut, égérie de
Jean-Paul Gauthier et d'
Azzedine Alaia, arpenter avec autant d'assurance les podiums et illuminer les plus grands défilés de mode par sa présence.
Une mise en lumière à la hauteur de la noirceur de son enfance.
Fille d'immigrés algériens arrivés en France dans les années 50 avec pour seuls bagages le déracinement et la misère, elle grandi au sein d'une fratrie de 9 enfants, dans le quartier des Minguettes à Vénissieux dans la banlieue de Lyon, au sein d'une zone HLM construite pour accueillir les immigrés d'Afrique du Nord, une zone avec ses codes qu'il est préférable de respecter au risque d'être ostraciser
Une enfance dans la violence permanente et l'instinct de survie chevillée au corps, entre un père alcoolique, incestueux à la main très leste, et une mère sous emprise, qui n'aura pas su protéger ses enfants.
Un instinct de survie tel, qu'une fois enfuie de cet enfer pour survivre et découvrir la vie à Paris, elle dormira longtemps son jeans plié sous son oreiller, toujours prête à fuir.
Un roman tel un uppercut et d'une intensité qui prend aux tripes dès les premières pages, aussi bouleversant que captivant et qui m'a totalement conquise.
Un roman sur la force de résilience, la transmission des traumatismes de générations en générations et les liens si profonds qui nous unissent à notre enfance, qu'il faut parfois risquer sa vie pour s'en libérer et réussir enfin à vivre.