On sait aujourd'hui que les brusques changements de température, l'absorption de fruits verts et d'eau impure, la sous-alimentation chronique sont les causes favorisant le développement du bacille dysentérique et exaltant sa virulence. Extrêmement contagieuse, la dysenterie bacillaire est à l'origine de redoutables épidémies, comme celle qui, entre juillet et novembre 1779, ravage plusieurs provinces du royaume. (...)
Par le nombre de ses victimes, la dysenterie de 1779 n'est certes pas comparable aux grandes épidémies de peste (Marseille a perdu en 1720 la moitié de ses 100.000 habitants en quelque semaines). (...)
Le fléau, national par sa gravité, n'a pourtant pas frappé tout le royaume. Dans son rapport de 1780, Caille apporte à ce sujet des précisions intéressantes : « Moins meurtrière dans la Franche-Comté, la Bourgogne, le Lyonnais, elle a dévasté des cantons entiers dans la Bretagne, le Poitou, l'Anjou, le Maine, la Normandie, la Picardie et la Flandre. » (...)
... la dysenterie ... aurait fait, en moins de six mois, 175.000 morts dans le royaume dont 90.000 dans les quatre intendances les plus touchées (La Rochelle, Poitiers, Rennes, Tours) et 45.000 dans la seule Bretagne...
2010 - [p. 17/24] La grande dysenterie de 1779, par François Lebrun