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Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
« le Journal du séducteur » n'est qu'une petite partie de « Ou bien… ou bien », livre de Kierkegaard beaucoup plus riche. C'est une des oeuvres les plus ouvertement fictionnelles, littéraires, séductrices de ce penseur chrétien.
Johannes, l'auteur de ce journal, a entrepris de séduire une jeune fille nommée Cordélia. Si l'on peut dire que Johannes est tombé amoureux de Cordélia par hasard, spontanément, sans raison, il n'en est rien quant aux trésors d'ingéniosité qu'il va mettre en place pour séduire la jeune fille. C'est un calculateur, un fin psychologue, quelqu'un d'extrêmement réfléchi, sournois penseront certains, pas du tout pressé de parvenir à son but mais très sûr de lui. le lecteur assiste à une véritable chasse, il voit Johannes poser tranquillement ses pièges. C'est comme une partie d'échec, où Johannes accepte de perdre des pièces importantes ou de laisser un apparent avantage à son adversaire, pour remporter la victoire finale.
Cette victoire recherchée et inéluctable est la jouissance de Cordélia, de son amour, de son abandon absolu et sans équivoque. Il ne se sent aucun devoir envers elle, il ne s'agit pas d'obtenir une jouissance contractuelle, mais de la piéger, de lui faire perdre la raison pour l'élever aux plus hautes sphères de l'amour. Et en ceci, il y a un véritable aspect pédagogique dans sa méthode de séduction, il cherche à l'élever, au sens le plus noble du terme, il la veut entière, libre, épanouie, transformée, véritablement femme, éveillée à l'éros. « Il faut qu'elle ne me doive rien, il faut qu'elle soit libre. Il n'y a d'amour, il n'y a de passe-temps et d'éternel amusement que dans la liberté. Et si mon dessein est de la faire tomber dans mes bras comme par une nécessité naturelle, si je m'efforce de la faire graviter vers moi, il m'importe aussi qu'elle ne vienne pas comme une masse pesante, mais comme un esprit gravitant vers un esprit. Elle doit m'appartenir, certes, mais sans disgrâce, sans peser sur moi comme un fardeau. Elle ne doit m'être ni une contrainte physique, ni une obligation morale. Entre nous, il ne doit y avoir d'autre jeu que celui de la liberté. Elle doit m'être assez légère pour que je la porte sur mon bras. »
C'est un excellent livre, avec de beaux passages littéraires, qui sous son thème léger du badinage, pose des questions insidieuses sur la liberté, la conscience et bien sûr l'amour, et qui prend une toute autre ampleur si on le comprend dans l'ensemble de l'oeuvre de Kierkegaard.
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