Pour survivre, il faut autant d'imagination que de courage et de détermination. Nous savons ce qu'il nous faut faire pour y parvenir. Le problème, c'est de savoir si nous souhaitons ou non nous plier aux règles édictées par la société.
Il contempla son visage ovale aux traits ravissants, encadrés d'une chevelure cuivrée. Ses grands yeux étaient bleu-gris, et quelques taches de rousseur piquetaient sa peau diaphane. Elle était délicieusement naturelle, son expression était franche, ses manières et sa voix douces. Il aurait aimé qu'elle continue à chanter, car sa voix lui faisait l'effet d'un baume.
Elle l'étudia avec attention, sans dire un mot, esquissa un sourire timide, puis se tourna de nouveau vers la bouilloire. Il émanait d'elle un calme bienfaisant. Il inspira profondément, et porta la main à son front. Un linge recouvrait l'endroit douloureux. Son corps entier lui faisait mal, mais il se sentait bien, enveloppé dans ce lainage douillet.
Ils vivent comme des sauvages, utilisent des centaines d'acres pour de maigres récoltes et à peine une centaine de moutons. Bientôt, la productivité de cette vallée va augmenter. Il y aura des moutons par milliers, assez de laine pour vêtir tout le continent, et cela ne nécessitera la présence que de quelques hommes compétents.
Cette société stagne. Ce sont des paresseux qui se promènent sur les collines en veillant sur leurs modestes troupeaux, leurs modestes récoltes, leurs modestes travaux. Ils n'ont aucune ambition, aucun talent. Ils ne savent que tisser, garder des moutons et raconter des histoires. En restant ici, ils n'apprendront jamais rien de nouveau. Loin de la vallée, en revanche, ils évolueront. Nous leur rendons service en les obligeant à partir.
Le son plaintif se répercuta entre les collines et bientôt d'autres femmes y mêlèrent leurs voix, le transformant en chant. L'écho multiplia les sons, comme si les montagnes elles-mêmes pleuraient.
La poignante beauté de la mélodie serra le cœur de Catriona. Elle aimait ces chants traditionnels et n'osait imaginer ce qui se passerait lorsqu'ils auraient disparu.
Nulle trace d'où nous venons
Nulle trace de chansons à transmettre à notre jeunesse
Notre langue se perd par appât du gain
Et la pluie du Sud nous entraîne au loin
Éternité, Dougie MacLean