AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Kirzy


Que j'ai aimé le personnage de Holly !
Sacré chemin depuis le jour où Bill Hodges ( dans Mr Mercedes ) a remarqué cette jeune femme introvertie et timide devant une maison funéraire, il y a bien longtemps. Holly Gibney est désormais à la tête d'une agence de détective privée. Au début de SON roman, elle vient d'enterrer sa mère du Covid lorsqu'une femme appelle pour retrouver sa fille qui a disparu.

Dès le prologue, l'identité des coupables est connue : Emily et Rodney Harris, professeurs universitaires à la retraite, portant leur respectabilité, leur éducation et leur aisance financière comme autant de masques redoutablement efficaces pour dissimuler leurs forfaits au pluriel.

On pourrait croire que révéler ainsi d'emblée leur culpabilité affaiblir ait l'intérêt pour le récit. En fait, non, car Stephen King distille habilement des détails qui divulguent l'ampleur de leurs crimes sur le temps long, l'atrocité des actes eux-mêmes, mais aussi la folie qui les guide. On les observe avec une acuité attentive, scrutant chaque élément que l'auteur offre. L'enquête de Holly n'en devient que plus urgente. Et puis, c'est tellement plaisant de découvrir comment cette dernière va retrouver la piste de ces deux vieux psychopathes. le lecteur a un temps d'avance sur elle et se régale à suivre ses déductions et le cheminement de sa traque.

C'est cependant parfois trop long. Les passages sur l'écriture et le métier d'écrivain avec les frère et soeur Jerome et Barbara ( personnages trop parfaits pour être vrais ), bien que plaisants à lire, ne sont pas réellement utiles à l'intrigue.

Surtout, on sent Stephen King investi dans une volonté politique de donner son avis sur la société américaine. le portrait est sombre, celui d'une Amérique plus fracturée que jamais : attaque du Capitole, effet Trump sur l'air du temps, antivax, racisme systémique. Il tire à balles réels mais, même si je suis totalement d'accord avec son constat, j'ai trouvé que l'irruption de toutes ces références étaient lourdaudes et donnaient au récit un côté moralisateur lassant sous le poids des répétitions. Sans chausser de gros sabots, le contexte de 2021 en plein coeur de la crise Covid se suffisait en lui-même pour apporter de la profondeur presque horrifique au décor. Durant cette période aux Etats-Unis, le péril et l'isolement étaient partout, les morts flottent au-dessus du récit, hôpitaux et morgues pleins.

Malgré ces réserves et l'agacement qui en a découlé, j'ai pris, comme toujours, du plaisir à lire ce dernier opus de Stephen King. J'en reviens à Holly. C'est elle le coeur battant du récit. Superbe personnage, loyale, consciencieuse, ingénieuse mais dévorée par le doute et l'emprise d'une mère autoritaire dont les maximes continuent de la gronder même une fois morte. Holly est « une femme terrorisée à l'idée de se tromper, et convaincue d'avoir tort aussi souvent qu'elle a raison. »

Sa présence marquante éclaire tout le récit. Grâce au talent de King et la tendresse qu'il a pour son héroïne ( mais aussi Jérôme et Barbara ), on a l'impression que c'est elle qui prend les décisions, que c'est elle qui guide l'intrigue plutôt que d'être la marionnette de son auteur.

Elle « aime penser ( sans y croire totalement ) qu'une sorte de Providence opère dans la lutte du bien contre le mal, aveugle mais puissante, telle une statue de la Justice qui brandit sa balance. Une force à l'oeuvre dans les affaires humaines se tient du côté des plus faibles et des plus naïfs, face au mal. »

Au final, j'ai été touchée par la recherche acharnée de la vérité qui l'anime et anime tout le roman. Tant pis, si on est loin du thriller angoissant décrit par la quatrième de couverture. La vraie horreur, semble dire King, est celle de la condition humaine, la mort, la vieillesse et le deuil qui l'accompagnent.
Commenter  J’apprécie          11412



Ont apprécié cette critique (112)voir plus




{* *}