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Critique de gruz


gruz
03 février 2020
J'ai pu prendre contact avec moi-même, celui vivant dans les années 80, adolescent alors. Nous avons eu une discussion animée. Ceci en est la retranscription. Si vous voulez savoir comment un tel prodige a pu se produire, demandez les explications à Stephen King, c'est lui le spécialiste en paranormal, pas moi.

– Salut à moi, jeune moi. J'avais besoin de te parler, toi le jeune de 20 ans. Ne t'effraye pas, je suis ton toi de l'année 2020, à plus de trente ans dans ton futur. Je voulais te parler de notre mentor Stephen King.

– Pourquoi je devrais m'effrayer ? Tu es moi, ça me fait pas peur !

– A mon époque, lointaine pour toi, Stephen King vient de sortir son nouveau roman : « L'Institut ».

– Sérieux ? Il écrit encore, alors ? T'imagines pas comme ça me fait plaisir ! Je viens juste de dévorer « Ça », c'est le chef d'oeuvre absolu de la littérature ! « L'Institut », tu dis ? J'aime bien le titre, il fait immédiatement marcher mon imagination.

– Oui, oui, il écrit toujours ! Et il est toujours en forme avec ses 72 ans. Il écrit un à deux livres par an, tu sais. Même qu'il a écrit encore mieux que « Ça » en 2011 (c'est ton propre avis, venu du futur). Une histoire en lien avec le meurtre de Kennedy.

– Mieux que « Ça » ? C'est impossible, ahahah ! Je te crois pas (mais j'ai envie de te croire !).

– Bon, c'est pas la question ! Je venais te parler de son nouveau livre. Une histoire avec des enfants et des jeunes ados, avec des pouvoirs psychiques qui…

– Attends, attends, stop ! T'es en train de me dire que le King des années 2000 et quelques, il raconte toujours les mêmes histoires ? Les ados et les pouvoirs psychiques il écrit dessus depuis le tout début ! T'es vieux maintenant, mais tu te souviens quand même de « Carrie » ou « Charlie », non ? Et « Ça », t'as quand même pas oublié ??

– Tu m'as pas laissé finir ma phrase ! Évidemment que je me souviens du clown, évidemment que je me souviens que je ne suis (tu n'es pas) sorti de ma (ta) chambre avant d'avoir fini ce pavé. Je suis pas encore sénile. Oui, c'est vrai, dit comme ça, on pourrait croire que cette histoire sent le réchauffé. Mais en fait, pas du tout. Tu veux que je te dise ? Ce bouquin est la parfaite fusion du vieux et du jeune King (ou le contraire).

– Hein ? Je comprends rien à ce que tu me racontes…

– Je t'explique : avec le temps et l'âge, le Maître est resté fidèle à lui-même, mais il s'ancre de plus en plus dans la réalité. Tu vois, cette histoire-là rappelle ses premiers amours mais enraciné dans l'atmosphère de mon époque. Je sais, tu vas me dire que si je parle de complot, de conspiration, de tests gouvernementaux secrets (ou non), ça existait déjà à ton époque…

– Ben, ouais, la guerre froide, les tests de la CIA sur les effets du LSD à haute dose, on connaît depuis longtemps !

– Oui, c'est vrai, sauf qu'à mon époque, je peux t'assurer que les choses ont un peu évolué. Les gens croient toujours autant aux complots, peut-être même encore plus. Ça va être compliqué pour toi de l'imaginer, mais l'information circule maintenant tellement facilement et directement que tout devient source de psychose et tout est remis en question. Bon, c'est pas trop la question, mais c'est pour te dire que cette histoire parle peut-être d'ados et de leurs pouvoirs paranormaux, mais elle parle aussi de manipulation de masse à une époque où on ne croit plus en rien et où on croit en tout. Et, crois-moi sur parole (tu n'as pas le choix), « L'Institut » est pour moi l'un de ses meilleurs livres des 10 dernières années. Et c'est pas une surprise que ce soit avec des ingrédients qu'il maîtrise à la perfection. Sauf que c'est pas juste au sujet de nos peurs primaires sur la coup, mais aussi celles de l'Humanité toute entière. Dans cette histoire, il y a ce qu'il sait faire le mieux…

– Laisse-moi deviner ! Des personnages auxquels tu t'attaches au bout d'une page, qui sonnent vrai à te demander si le King n'est pas dans leurs têtes. Des émotions à gogo, pas seulement noires, mais aussi belles et émouvantes, de celles qui te font piquer les yeux. Des dialogues incroyables. Un scénario de dingue. Des directions surprenantes. Et un pur divertissement doublé de réflexions. Et l'amitié !

– C'est bien, mon p'tit moi, je vois que tu maîtrises déjà bien ton King illustré ! Tu as 100 % raison, en Vingt Vingt c'est pareil, avec le recul et l'oeil de l'âge en prime. La fougue et l'imagination de ses vingt ans et le regard lucide et critique sur le monde du haut de ses 70 piges. A mon époque, les monstres ne sont plus des clowns solitaires, mais des clowns industrialisés… Et avec son pouvoir extrasensoriel à son sommet : son empathie. Je suis certain que tu adorerais ce livre en 1988 ! Et tu adoreras en 2020 :-). T'as raison, personne ne parle aussi bien de l'enfance que lui, même quand il parle de jeunes surdoués. Ou alors, justement parce qu'il a un don unique pour parler de la différence. Sa manière d'invoquer des émotions concrètes et des idées abstraites est toujours aussi phénoménale. du fantastique, oui, mais aussi du fond. Avec ce bouquin, impossible de ne pas penser aux camps nazis. Impossible de ne pas penser au parcage des migrants (ça ne te parle pas, ça te parlera un jour…). Et tu causais de l'amitié, t'imagines pas combien elle est le centre de ce livre ! Et rajoute à tout ça une fin qui propose même de quoi bien réfléchir.

– Tu t'emballes quand tu en parles, j'adore ça ! Je constate que l'enthousiasme passe la barrière des années :-).

– Eh oui, t'as tout compris, « L'Institut » est une formidable réussite, une de plus. Je t'envie tellement d'avoir encore à découvrir tant de merveilleux romans de Stephen King ! Tiens, tu sais qu'il écrira un jour une suite à « Shining », 34 ans après ? Et qu'il écrira aussi du pur thriller ? (Ne t'inquiète pas, quand tu te réveilleras demain matin, tu auras oublié tout ça et t'auras l'impression d'avoir rêvé).

– Ahah, tu déconnes !? Je t'ai cru jusqu'à maintenant, mais là t'y vas un peu fort !!

Fin de retranscription.
Lien : https://gruznamur.com/2020/0..
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