La première victime, Cora Wilton, est unanimement décrite comme timide et très réservée. Elle ne fréquentait pas grand monde en dehors de ses collègues et de sa famille. Elle a caché pendant des années l’alcoolisme de son mari et a assumé seule ce fardeau. A l’inverse, la seconde victime, Samantha Geist, célibataire, étudiante et escort à ses heures, est dotée d’une forte personnalité. Elle paraît avoir profondément marqué tous ceux qui l’ont côtoyée. Jeune, enthousiaste, ambitieuse, elle croquait la vie à plein dents, comme on dit, et n’avait pas peur de prendre des risques. Ses relations tarifées l’ont amenée au contact d’hommes très riches et puissants. Les deux victimes ont été attaquées à un moment où elles étaient vulnérables ce qui indique que le tueur les avait sélectionnées, suivies, traquées et a attendu le moment où il pourrait frapper avec un minimum de risque. Cela signifie qu’il a dû les croiser à un moment sur sa route mais il ne s’agit pas forcément d’un intime, d’autant plus qu’apparemment les deux femmes n’avaient aucune connaissance commune.
Et je vous l’ai dit, avec lui, c’était toujours la faute des autres ! D’ailleurs, c’était également un fieffé menteur. Il lui arrivait d’affirmer qu’il n’avait pas bu une goutte alors qu’il ne marchait pas droit et puait l’alcool à des kilomètres. Oh, Cora a bien essayé de le persuader d’aller voir un médecin, d’entrer en cure mais il ne voulait pas en entendre parler et si elle insistait, il l’insultait. Un jour, il a balancé son poing dans le mur à quelques centimètres de son visage. Je crois que c’est à ce moment-là qu’elle a compris qu’elle devait partir, pour son bien et celui de ses enfants. D’ailleurs, je crois qu’elle espérait que la demande de divorce serait comme un électrochoc, qu’elle le forcerait peut-être à regarder les choses en face et à enfin admettre qu’il devait faire quelque chose
L’alcoolisme touche toutes les catégories sociales. Vous seriez surpris du nombre de médecins, d’avocats, de policiers aussi, sûrement, qui ont un problème avec l’alcool. D’ailleurs, c’est l’excuse que Shane a longtemps servi à Cora, son travail, la pression, les brimades qu’il subissait lorsqu’une de ses analyses financières ne se révélait pas tout à fait juste et que la boîte perdait de l’argent, tout ça le poussait à boire pour oublier. Et il lui disait aussi qu’elle était incapable de tenir sa maison, d’élever correctement les enfants ce qui fait qu’à la maison non plus, il ne pouvait pas se détendre. Il la rendait en partie responsable de son état, lé dénigrait tout le temps et il lui a fallu des années pour se convaincre que tout ça n’était que mensonge et manipulation.
Si certains psychiatres appelés à se pencher sur son cas avaient craint que le tueur ne tente de se suicider, leurs craintes se révélèrent vaines. Carmack se découvrit très vite une nouvelle mission : améliorer les conditions de détention des détenus au sein de sa prison mais également de toutes celles des Etats-Unis. Il fit une nouvelle fois preuve de son activisme habituel, n’hésitant pas à envoyer des dizaines de lettres, aux journaux, au gouverneur et même au président en personne. Il obtint rapidement un statut de porte parole officieux au sein de son établissement carcéral, jouant le rôle d’intermédiaire entre les prisonniers et l’administration.
Je vous l’ai déjà dit, personne n’avait de raison de la tuer. Cela ne peut être qu’un malade, un type qui s’en prend aux femmes seules, vulnérables. Pourquoi restez-vous ici à poser des questions indiscrètes et stupides qui ne vous aideront pas ? Vous devriez être dehors à chercher ce fumier !