C'était la période florissante du théâtre underground, et les filles qui se produisaient dans les ballets d'avant-garde venaient travailler à temps partiel comme stripteaseuses afin de gagner les fonds nécessaires à la gestion de leur troupe. Entre deux spectacles, elles venaient se faire de l'argent dans la boîte de striptease en formant un duo avec un homme.
Il nous suffisait de faire un pas en dehors d'Asakusa pour concentrer sur nous des regards sévères. Reconnaissons-le, Asakusa était avant tout un quartier où les mendiants pouvaient marcher au beau milieu de la rue sans se gêner. Ici, on avait beau porter un accoutrement étrange, personne ne se retournait sur nous, à l'exception toutefois des touristes surpris qui mettaient les pieds pour la première fois à Asakusa. La vue de types bizarrement habillés n'étonnait nullement les habitués. Même un type déambulant tout nu n'aurait surpris personne ! D'ailleurs, il y en avait un, célèbre dans le quartier : un mendiant qui se promenait nu, y compris en hiver, connu sous le sobriquet de Tarzan, le ramasseur de mégots !
Un début d'après-midi, en plein été, à la fin du mois de juillet, un jeune homme en débardeur, short et sandales de plage débarquait dans le sixième arrondissement d'Asakusa à Tokyo... Ce type, c''était moi.
Nous étions en 1973. Et j'étais enfin revenu à Asakusa.