Citations sur La ronde des saisons, tome 5 : Retrouvailles (50)
- Un jour, reprit Lillian, alors que Daisy était malade, on m'a installée dans une autre chambre, au cas où elle serait contagieuse. J'avais peur pour elle et je me suis réveillée au milieu de la nuit en pleurant. Rafael m'a entendue et est venu me demander ce qui se passait. Je lui ai avoué que j'étais très inquiète pour Daisy, et je lui ai raconté l'horrible cauchemar que je venais de faire. Alors il est retourné dans sa chambre et il est revenu avec l'un de ses soldats. Un fantassin. Il l'a posé sur ma table de nuit et m'a dit : " C'est le plus brave et le plus courageux de tous mes hommes. Il montera la garde auprès de toi toute la nuit et chassera tes inquiétudes et tes mauvais rêves. "
- Mon grand-père m'a dit un jour que le secret du bonheur, c'est simplement d'arrêter de le chercher, murmura-t-elle.
- Natalie, tu n'es pas du tout aussi sage que tu le crois, songea-t-elle avec tristesse. Choisis l'homme prêt à faire des sacrifices pour toi, qui t'aimera pour ce que tu es et non pour ce qu'il gagnera en t'épousant.
- Père, j'ai du mal à croire que ce postiche puisse séduire qui que ce soit à part un écureuil en chaleur.
- [...] On se demande s'il lui arrive jamais d'être sincère.
- C'est peut-être une façade, suggéra Hannah sans conviction. Qui sait si ce n'est pas un homme différent, à l'intérieur?
- La plupart des gens n'ont pas de façade répliqua Natalie, ironique.
Certes, tout le monde croit en avoir une, mais, quand tu creuses derrière la façade, tu trouves simplement un peu plus de façade.
- Certaines personnes sont sincères.
- Et ces personnes-là sont les plus ennuyeuses de toutes.
- Moi, je suis sincère, protesta Hannah.
- C'est vrai. Il va falloir travailler cela, ma chérie.
- Bon, d'accord, grommela Lillian. Je suppose que c'est un débauché. Mais celui ne lui nuira pas forcément lorsqu'il courtisera lady Natalie. Il y a des femmes qui aiment les débauchés. Regarde Evangeline...
Sans cesser de découdre le ruban, Evangeline esquissa un sourire.
- Je n'aime p... pas tous les débauchés, rectifia-t-elle, les yeux fixés sur son ouvrage. Juste un.
- C'est un emploi rémunéré. Je ne reçois pas de gages, mais plutôt une pension.
La tête inclinée de côté, il l'observa avec attention.
- Quelle est la différence?
- Des gages impliqueraient que je suis une domestique.
- Je vois. Et que faites-vous en échange de cette pension?
Son insistance était vraiment irritante.
- Je tiens compagnie à lady Natalie, je bavarde avec elle et, à l'occasion, je joue les chaperons. Je fais aussi un peu de couture et je rends tous les petits services susceptibles de faciliter l'existence de lady Natalie, comme de lui apporter son thé ou d'effectuer quelques courses.
Une étincelle moqueuse palpita dans son regard sombre.
- Mais vous n'êtes pas une domestique.
Il suffisait d'une heure passée en sa compagnie pour savoir à peu près tout ce qu'il y avait à savoir sur elle.
— M. Bowman est l'un des hommes les plus splendidement bâtis que j'aie jamais rencontrés. Je ne vois pas ce que tu peux trouver à redire à son apparence.
— Son maintien, marmonna Hannah.
— Quoi, son maintien?
— Il ne se tient pas droit. Sitôt dans un fauteuil, il s'avachit.
— C'est un Américain. Ils sont tous ainsi. Le poids de leur portefeuille les entraîne vers le bas.
Thomas alla s'asseoir dans un fauteuil en cuir devant la cheminée. Le front plissé, il corrigea la position de son postiche, qui n'avait cessé de glisser toute la soirée.
— Vous pourriez y attacher une mentonnière, suggéra Raphaël d'un ton innocent, ce qui lui valut un coup d'œil féroce.
— Ta mère le trouve séduisant