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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Vostok est le nom d'une véritable station de recherche établie en Antarctique. Installée par les Russes dans les années 1950, la base est réputée pour être la plus difficile d'accès du Pôle sud : située à plus de mille kilomètres de la côte la plus proche et à plus de 3800 mètres d'altitude, elle est balayée en permanence par des vents violents et enregistre des températures records pouvant aller jusqu'à -90°C en hiver. C'est cet endroit du monde, où la nature se fait la plus hostile pour l'homme, que Laurent Kloetzer a choisi comme décor de ce roman époustouflant paru en 2016 chez Denoël et réédité cette année en version poche chez Folio SF. La première partie n'a pourtant, au premier abord, pas grand chose à voir avec les vastes étendues glacées de l'Antarctique. Nous sommes au Chili, dans un futur semble-t-il relativement proche, et nous faisons la connaissance de Léo, une jeune fille menant sa petite bande dépenaillée dans les quartiers pauvres et les navires abandonnés du port de Valparaiso. Son enfance vole toutefois en éclat lorsque son frère, Juan, parvient à se hisser parmi les membres les plus éminents du Cartel, un important gang local tentant depuis des années de percer les défenses de leurs principaux adversaires, bien plus puissants et bien mieux équipés, les Andins. Cette hégémonie, elle leur est assurée grâce à une sorte d'interface, le Vault, qui leur permet de contrôler des technologies novatrices, et qui, évidemment, est réputée impossible à cracker. Mais Juan est ambitieux et tout bascule lorsqu'il entreprend de kidnapper l'une des rares personnes ayant les droits d'accès à l'interface, une vieille femme enseignant à l'université de Valparaiso et ancienne glaciologue. Seulement les choses ne se passent pas comme prévues... Par un malheureux concours de circonstances, le dernier espoir qui demeure pour le Cartel de pénétrer dans le Vault consiste à monter une expédition jusqu'à Vostok où se situerait la mystérieuse clé cachée par la scientifique et permettant d'entrer dans l'interface. le roman démarre sur les chapeaux de roue et parvient, de manière remarquable, à maintenir cette intensité tout au long de ses cinq cent pages.

Si la première partie se déroulant à Valparaiso et servant à poser le contexte présente énormément d'intérêt, ce n'est qu'une fois notre petite troupe arrivée à Vostok que les choses sérieuses se mettent véritablement en place. le roman se fait alors huis-clos, et ce malgré l'immensité blanche qui s'étend à perte de vue autour de la base et qui constitue un péril mortel pour les rares humains ayant osé s'aventurer dans les parages. Coincés dans les locaux exigus de la station, les huit membres de l'expédition (dont évidemment Léo et son frère) vont donc devoir non seulement s'acclimater physiquement à des conditions de vie extrêmes (froid, problèmes d'oxygénation...) mais surtout mettre de côté leurs inimitiés pour survivre ensemble à l'expérience et découvrir le secret de Vostok. La fascination exercée par le roman tient évidemment énormément à son décor, ces paysages glacés dont Laurent Kloetzer nous dépeint avec force de détails les dangers mais aussi la beauté. L'immersion est totale pour le lecteur qui ne tarde pas à se laisser envelopper à son tour par toutes les expériences sensorielles auxquelles se retrouvent confrontés les personnages. Il y a d'abord le froid, bien sûr, qui les oblige à superposer des couches et des couches de protection à chaque sortie et qui menace constamment de les emporter. Et puis il y a l'angoisse, une peur presque incontrôlable née du fait de se retrouver à la merci d'un espace si immense et si hostile, qui croît au fil des jours dans le coeur de l'ensemble des membres du groupe jusqu'à faire perdre l'esprit aux plus fragiles d'entre eux. Juan, Léo, Vassili, Jaz, Irvin... : chaque personnage réagit différemment à l'épreuve et tous bénéficient d'un traitement extrêmement soigné de la part de Laurent Kloetzer, attentif à mettre en scène des protagonistes qui sonnent vrais et justes. En dépit de ce décor restreint, l'auteur parvient donc à maintenir le lecteur constamment en haleine, multipliant les rebondissements inattendus qui, chaque fois, viennent rebattre les cartes de manière fort habile.

Le contexte singulier lié à l'Antarctique est évidemment souvent exploité afin de servir de ressort à l'intrigue (contretemps liés au froid, problèmes causés par l'isolement de la base, tensions entre les membres de l'expédition due à l'absence d'intimité...), mais l'auteur n'oublie pas pour autant d'exploiter les particularités de son univers. En dépit de leur isolement, Léo et ses compagnons ne sont en effet pas tout à fait coupés du monde extérieur dont on apprend la situation par bribe et dont les événements vont avoir un impact non négligeable pour la station et ses occupants. On comprend rapidement que le futur dans lequel se déroule l'action ici est le même que celui dépeint dans « Anamnèse de Lady Star » (que je n'ai pas encore eu l'occasion de lire mais qui passe désormais en tête de mes priorités) ainsi que dans le plus récent « Issa Elohim » (publié cette fois chez le Bélial dans leur collection Une Heure Lumière). le contexte mondial tel que dépeint ici est en effet globalement similaire puisqu'on retrouve des populations confrontées à une pollution généralisée, un terrorisme qui gangrène l'Europe, et des tensions qui couvent sur l'ensemble des continents. C'est le cas notamment en Amérique du sud où la guerre opposant de gros gangs comme ceux du Cartel et les Andins fait rage. le principal fil rouge entre ces différents ouvrages me semble également être cette catastrophe inédite (dont je ne dirai rien pour ne pas gâcher la surprise) qui est évoquée dans les trois textes et dont les répercussions sont immenses et dramatiques. Outre sa description de l'évolution de notre contexte mondial, l'aspect futuriste du roman tient à l'hyper connectivité de la société dépeinte par l'auteur, grâce à l'essor de nouvelles technologiques bien plus performants que les nôtres (mais pas détaillées outre mesure, chose que j'ai beaucoup apprécié). le récit comprend également une importante dimension écologique évoquée lorsqu'il est question des Andins (qui ont, semble-t-il, réussi à s'arroger le contrôle du climat), mais aussi et surtout lorsque l'auteur mentionne les données réunies par les scientifiques travaillant en Antarctique concernant le réchauffement climatique.

Quant bien même le contexte futuriste dépeint ici inscrit sans aucun doute le roman dans la science-fiction, celui-ci comprend pourtant aussi une petite touche de fantastique que l'auteur exploite, là encore, avec finesse. J'ai ainsi pour ma part été particulièrement sensible à ce « petit fantôme » et à sa relation avec Léo que j'ai trouvé très touchante. le roman entretient également un lien étroit avec notre propre histoire, puisque les chapitres mettant en scène Léo sont parfois entrecoupés de brefs passages consacrés à une autre figure emblématique : Veronika Lipenkova, personnage fictif mais dont le parcours tel que dépeint ici permet de rendre un très bel hommage à toute la communauté scientifique qui a travaillé (et travaille encore) en milieu polaire. En parallèle à l'histoire de Léo et de son frère, le lecteur découvre donc l'histoire de Vostok : la création de la station, les premières missions, les menaces qui ont pesé sur son existence (la base a été fermée temporairement dans les années 1990)... L'auteur nous dépeint également en détail les opérations de forage successives et les difficultés rencontrées, mais aussi le matériel utilisé, ou encore les méthodes d'étude des calottes glaciaires et les informations précieuses qu'elles nous ont livré. La précision dont fait preuve ici Laurent Kloetzer témoigne d'une importante documentation qui repose essentiellement sur les travaux de recherche du glaciologue Jean-Robert Petit, qui a lui-même résidé à Vostok (il a d'ailleurs écris un livre sur le sujet : « Vostok, le dernier secret de l'Antarctique » ainsi que quantité d'articles dont certains sont disponibles sur internet). A travers le récit fictif de cette femme passionnée par l'Antarctique, on réalise le caractère colossal du travail effectué par les chercheurs, résultat de décennies d'efforts, d'affinage de techniques et surtout de coopérations internationales (la compétition entre les Russes et les Américains dans le contexte de la Guerre froide est notamment très bien exposée, de même que la mutualisation des connaissances entre les scientifiques issus de différentes nations). C'est tout simplement passionnant !

Laurent Kloetzer signe avec « Vostok » un roman splendide et remarquable aussi bien par la qualité de ses personnages que de son intrigue ou encore de son univers. L'Antarctique occupe évidemment une place centrale dans le récit qui, grâce à une documentation minutieuse, nous fait découvrir le travail incroyable réalisé sur place par des scientifiques du monde entier, leur rendant pour l'occasion un très bel hommage. Un gros coup de coeur, à lire absolument !

NB : Si vous voulez vous frotter à d'autres récits se déroulant en milieu polaire, je vous conseille « Terreur » de Dan Simmons (un chef d'oeuvre consacré à l'échec de l'expédition Franklin en Arctique) ainsi que le roman graphique d'Emmanuel Lepage « La lune est blanche » dans lequel le dessinateur raconte son propre voyage au sein d'une expédition scientifique en Antarctique (ouvrage également illustré de photographies splendides réalisées sur place par le frère de l'artiste).
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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En premier lieu, merci beaucoup à Babelio et aux éditions Denoël, grâce à qui j'ai pu lire le titre via la Masse Critique.

Ce roman me fait envie dès que j'ai vu sa sortie annoncée, c'est donc avec joie que je me suis jetée dessus. Oui jetée dessus car le résumé était vraiment alléchant et pleins de promesses ! Je ne fus pas du tout déçue, oh que non ! Vostok a rempli ses promesses et bien plus. Ce fut un régal, un coup de cœur, pour cet univers glacé et sans pitié et pour cette histoire haletante.

Il m'a fait voyager dans un futur pas si lointain, au côté d'une héroïne, du nom de Leonara, qui en impose du haut de ses douze ans. Au fil de l’histoire, on suit son évolution. La jeune fille passe vite dans le monde des adultes, malgré son âge, grandissant plus vite que prévu, par ce qu’elle vit. Leonora, ou Leo, pour les intimes, est la sœur du Juan, un caïd faisant parti de la pègre et pas n'importe quelle pègre, une des deux plus grosses organisations criminelles du monde : le Carcèl. Le monde a beau être régi par différents dirigeants de par le monde, ceux qui tiennent tout sont en fait le Carcél et les Andins, les états les laissant faire et coopérant même avec eux. Personne ne fait rien pour endiguer la chose. En plus de cela, Leo va finir par se retrouver loin de ses amis, les activités de son frère l’obligeant à se couper de tout, à part l’école, payée par le Carcél, lui dispensant les meilleures études qui soient. Elle vivra dans une prison dorée, sans autre univers que son frère et son entourage de voyous, tous peu recommandables. Mais un jour, Leo découvrira que son frère cherche une clef capable de pénétrer dans la faction rivale et qui permet peut-être d'arrêter tout cela. Le problème est qu'elle se situe dans un endroit gelé, coupé de tout : en Antarctique. Leo va être embarquée dans cette folle aventure mêlant science-fiction et thriller, qui commence doucement mais ne s'essouffle jamais.
[...]

[Suite de la chronique sur le blog]

Lien : http://lantredenimgarthielle..
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A Valparaiso dans un futur proche, une bande de gosses se fait des frayeurs en rejoignant un navire qui vient de s'échouer à quelques encablures de la côte. Les pillards sont déjà passés par là, il ne reste plus grand chose à prendre. Parmi ces enfants : Léonora, surnommée Léo, douze ans. Elle est la soeur de Juan, le caïd d'un des nombreux cartels de la ville. Elle vit avec lui dans une grande et riche villa, entourés de leurs garde du corps. A Valparaiso, ce sont les cartels qui font la loi. le plus puissant est le cartel Andin, celui qui contrôle tout. Juan qui a les dents longues et qui rêve de toute puissance décide un jour d'investir ce cartel de l'intérieur. Pour cela il a besoin du code. Il tente alors de le dérober à Véronica Lipenkova, une scientifique russe qui a longtemps travaillé à Vostok, mais celle-ci est tuée lors de l'intervention et le code est perdu. Il ne reste plus à Juan qu'à se rendre sur place dans l'Antarctique, guidé par un ancien compagnon de Véronika qui lui assure pouvoir retrouver le précieux sésame. Commence alors pour la petite équipe une longue et dangereuse immersion dans les glaces et le froid extrême qui vont mettre leurs nerfs et leurs rêves à dure épreuve.
La base de Vostok existe réellement. Elle fut installée par les russes dans les années cinquante dans le but de prélever des carottes de glace afin d'étudier le passé de notre planète. On y découvrit même un immense lac souterrain, complètement enfermé entre l'écorce terrestre et le glacier. Cette région de l'Antarctique est affreusement hostile. Au mieux, il y fait -20°, au pire -90°. Inutile de préciser qu'on ne peut pas traîner dehors, même revêtu de plusieurs couches de vêtements. La moindre chute, et c'est la mort assurée. On ne se sent pas beaucoup plus en sécurité à l'intérieur de la base : là, c'est le feu qui représente le plus grand danger : il n'y a pas d'eau pour l'éteindre. Et puis on est complètement coupé du monde, tributaire des liaisons satellites, des rares avions qui acceptent de voler jusque là, et qui ne peuvent atterrir que durant la saison d'été. C'est donc dans un véritable huis-clos que la petite équipe va évoluer. Les caractères vont se révéler, les soupçons vont empoisonner les relations des hommes entre eux, l'isolement, la peur, l'espoir de trouver le code qui flanche, les conditions de vie difficiles, tout cela va provoquer une ambiance irrespirable. Mais on sent que l'esprit de Veronika plane sur la station et inspire Léo qui s'est plongée dans le livre écrit par la soviétique.
Vostok est à la fois un récit de Science Fiction et un thriller. le site de Vostok est à lui seul un personnage que l'auteur présente sous un jour effrayant, mortifère, mais aussi d'une grande beauté, magnétique, presque féerique. Je me suis facilement attachée à Léo que j'ai vu grandir au cours du récit, passer en peu de temps de l'enfance à l'âge adulte. Les autres personnages sont eux aussi intéressants et l'intrigue bien menée, il n'y a pas de temps morts. On sent que l'auteur s'est beaucoup documenté sur la base et les études qui y ont été menées. Les passages du livre de Véronika, lus par Léo, amènent encore plus de précision sur son histoire.
Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
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Extraire en beauté l'élan utopique des plus improbables matériaux, gangsters chiliens et glaces antarctiques.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/03/23/note-de-lecture-vostok-laurent-kloetzer/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Bref Vostok c'est quoi ?
Avant d'être une thriller d'anticipation, Vostok c'est une station antarctique Russe qui a conduit des forages profonds de 1957 à 2011, pour faire court.
J'avoue que j'avais un peu peur quand Laurent Kloetzer c'est attaqué techniquement au forage. (Mon mari est foreur). Mais l'auteur maîtrise parfaitement son sujet. Après je vous rassure, le livre ne s'articule pas qu'autour de : Comment un carottier fonctionne.
Le livre prend deux axes de narration, celui d'une jeune fille, Leonora enfermé dans une prison dorée et prisonnière des décisions de son frère, Juan, figure importante du cartel. Juan qui faute d'avoir réussi à obtenir un code d'accès visant à craquer le réseau Andin. Se retrouve contraint de récupérer ce code en recherchant le secret de l'antarctique les menant à une expédition très périlleuse au coeur de Vostok.

la suite en suivant le lien :
Lien : http://laprophetiedesanes.bl..
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Le titres est bien mystérieux et la quatrième de couverture est assez floue, mais l'idée d'un voyage scientifique dans la région la plus froide sur Terre m'a quand même convaincue.

La première partie de l'histoire se déroule au Chili, pays que j'ai pu découvrir en sac à dos pendant 3 mois. J'ai adoré retrouver des villes et des détails qui m'ont rappelé ce très beau pays.
Le personnage de Leo est assez intéressant pour une adolescente de 15 ans. Bien que très jeune, je l'ai trouvé très mature et son regard sur les différentes situations crédibles.
Certaines de mes lectures cette année avaient aussi un côté scientifique ("Tau zéro", "L'étoffe des héros"...). Et cette fois, j'ai aimé en apprendre plus sur ce que cache la glace. le côté scientifique est intéressant sans bloquer la lecture.

Globalement j'ai vraiment aimé ma lecture, par contre j'ai mis un peu de temps à le lire. le côté scientifique et parfois des passages un peu plus lents m'ont ralenti.
Et bien que la partie sur l'aventure en Antarctique m'ait beaucoup intéressée, la fin m'a malheureusement un peu laissé perplexe.

➡️ En bref, une aventure dans le grand froid avec sa part de sciences et de magie.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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