Il n’y a pas de victime, dit Grace. Écoutez, je suis thérapeute depuis quinze ans. J’ai maintes fois entendu les femmes décrire leurs premiers échanges avec leur compagnon et leurs premières impressions de lui. En les écoutant, je me disais toujours : vous le saviez depuis le début. Elle savait qu’il n’arrêterait jamais de regarder les autres femmes. Elle savait qu’il était incapable d’économiser de l’argent. Elle savait qu’il la méprisait – et ce dès leur première discussion, dès leur deuxième rendez-vous ou encore le soir où elle l’avait présenté à ses amis. Mais elle a choisi de « dé-savoir » ce qu’elle savait. Elle a mis ses premières impressions et sa sensibilité sous le tapis. Elle s’est persuadée que ce qu’elle percevait intuitivement d’un homme qu’elle connaissait à peine était faux, une fois, je cite, « qu’elle a appris à mieux le connaître ». Ce réflexe qui consiste à ne pas tenir compte de notre instinct est extraordinairement puissant. Et peut avoir de terribles conséquences sur la vie d’une femme. C’est vraiment un processus de « dé-savoir ». Nous refusons de nous rendre à l’évidence, alors même que nous regardons une autre femme qui s’est bercée d’illusions en nous disant : « Comment ne pouvait-elle pas savoir ? » Il faut être aussi lucide sur soi-même que sur les autres, mais avant de se faire avoir, pas après.
Où était Jonathan ? Où était-il et pourquoi ne la rappelait-il pas pour lui dire qu’il allait bien ? Et comment osait-il disparaître d’une manière aussi inconsidérée ? Qu’était-elle censée dire à leur fils ? Jonathan y avait-il pensé ? Qu’était-elle censée dire à son père ? Et puis merde, à Eva qui avait besoin de savoir combien d’assiettes elle devait disposer sur la table.
Elle ne se souvenait pas d’avoir été autant en colère contre lui. Et aussi terrifiée.
Grace n’avait jamais pensé que Jonathan pouvait la quitter. Jamais. Même pas il y a quelques années, pendant les trois jours (et trois nuits) de calvaire qu’elle s’était infligés. Toujours pas maintenant. En fait, pas une fois depuis leur première rencontre, lorsqu’elle avait poussé un soupir de reconnaissance, de désir et de soulagement dans le sous-sol du dortoir de la faculté de médecine de Harvard. Il y a longtemps, une patiente lui avait dit ce qu’elle avait pensé lorsqu’elle avait rencontré son futur mari : « Quel soulagement. Je peux enfin arrêter de chercher. » Elle avait aussi ressenti cela. Fini ! s’était-elle dit à l’époque, même si la petite voix du pragmatisme avait été étouffée par son désir immédiat pour lui.
Je pensais que mon livre pourrait aider les gens. Je pensais que j’avais quelque chose à leur dire sur la façon dont les femmes choisissent leur compagnon. Á l’évidence, c’est faux. Je suis une conseillère conjugale dont le mari a une maitresse. Qui a peut-être tué sa maitresse. »
« Je pensais que mon livre pourrait aider les gens. Je pensais que j’avais quelque chose à leur dire sur la façon dont les femmes choisissent leur compagnon. Á l’évidence, c’est faux. Je suis une conseillère conjugale dont le mari a une maitresse. Qui a peut-être tué sa maitresse. »
Il faut aussi être lucide sur soi-même que sur les autres, mais avant de se faire avoir, pas après.
Il faut être aussi lucide sur soi même que sur les autres, mais avant de se faire avoir, pas après.
Je me contente de dire aux gens qu'ils ont merdé. Je suis une vraie connasse
C'est un mélange de ce qu'il nous a dit et de ce que nous nous sommes dit. Cette personne est devenue un personnage imaginaire dans une histoire inventée de toutes pièces.
Si vous choisissez la mauvaise personne, peu importera votre désir, ou celui se votre conjoint, de sauver votre couple. Cela ne fonctionnera pas.