AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de hcdahlem


«Elle vivait sa vie comme une éphéméride»

Dans un second roman haletant, Sarah Koskievic raconte la vie dissolue d'une Parisienne qui, entre la drogue, l'alcool et le sexe, rêve d'une improbable histoire d'amour. Ian sera-t-il l'homme qui réussira à lui faire renoncer à ses principes ?

Les scientifiques ont bien essayé d'expliquer ce qui se passait au moment d'une rencontre, quand deux êtres se trouvent. Les manifestations physiologiques, la chimie du «coup de foudre». Pourtant le mystère reste entier. Ainsi quand Ian croise le regard de Hazel, il ne sait pas encore qu'il est sur le point de faire basculer sa vie. Tout juste peut-il constater qu'il n'avait encore jamais rencontré une telle fille: «Elle avait dans le fond de son regard un minuscule éclat jaune, qui laissait transparaître sa folie. Elle était de celles qui ne reculent devant rien. Elle ne disait jamais non, trop contente de prouver qu'elle pouvait relever n'importe quel défi. Elle voyait la vie comme une succession de moments chiants et longs, un fléau dont elle voulait désespérément s'échapper sans bien savoir comment faire. Elle vivait sa vie comme une éphéméride. Une journée s'écoulait, elle en arrachait le souvenir et passait à la suivante. Elle avait cette propension à se renouveler tous les matins et à mourir tous les soirs.»
On se doute bien que cette fille incandescente n'est pas faite pour la vie de couple. Peut-être pas non plus pour le bonheur. Pourtant, elle a envie d'y croire, elle qui noie son mal-être dans la vodka, dans des soirées qui ne sont plus vraiment joyeuses, mais plutôt faites pour oublier, pour sombrer dans des nuages de tabac, dans des lignes de coke, dans des vapeurs d'alcool, dans des relations aussi éphémères qu'insatisfaisantes. Elle se donne pour avoir l'impression de vivre. Et se retrouve au petit matin encore plus malheureuse que la veille.
C'est sur le rythme syncopé d'une playlist qui donne aux chapitres leur titre que l'on suit ces errances dans le Paris des bobos qui, s'ils n'ont guère de problèmes d'argent, sont tous plus ou moins mal dans leur peau.
En leur donnant successivement la parole, Sarah Koskievic nous permet de détailler ces malaises existentiels, ces quêtes désespérées vers un avenir plus serein. Et comme il est plus facile de juger les autres que soi-même, les avis sont souvent tranchés, excessifs, assassins. Ainsi, Romain qui est l'ami d'Hazel, ne peut s'empêcher de penser que son féminisme est excessif, qu'elle devrait s'amender un peu. L'occasion de souligner que la galerie de personnages proposée ici montre combien l'époque est dramatiquement instable. Chacun se veut fort et affiche ses faiblesses, chacun se veut libre et se perd dans des principes destructeurs. Chacun veut profiter de la vie en oubliant que le bonheur ne se trouve pas dans des addictions plus ou moins puissantes. Cette Meute, pour reprendre le titre du premier roman de l'autrice, a sans doute écouté No Future en boucle.
On pense au Vernon Subutex de Virginie Despentes, mais dans un style plus frénétique, plus décapant, qui colle parfaitement au propos. Jusqu'à l'ultime chapitre qui ne reprend pas pour rien le titre du premier, Sympathy For The Devil, bouclant une boucle qui pourrait vous surprendre.


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          251



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}