Je n’avais jamais rencontré une fille comme Hazel. Elle avait dans le fond de son regard un minuscule éclat jaune, qui laissait transparaître sa folie. Elle était de celles qui ne reculent devant rien. Elle ne disait jamais non, trop contente de prouver qu'elle pouvait relever n'importe quel défi. Elle voyait la vie comme une succession de moments chiants et longs, un fléau dont elle voulait désespérément s’échapper sans bien savoir comment faire. Elle vivait sa vie comme une éphéméride. Une journée s’écoulait, elle en arrachait le souvenir et passait à la suivante. Elle avait cette propension à se renouveler tous les matins et à mourir tous les soirs. p. 160
C'est ça être un vieux couple. Limiter les efforts, ne pas avoir peur que l'autre vous voie tel que vous êtes vraiment. Plus besoin de se dissimuler derrière un masque, de prétendre être quelqu'un d'autre. Fini l'esbroufe, nique le strass et les paillettes. Vérité nue, lumière crue.
Comment supporter d'être la cible préférée de la moitié du genre humain ? D'être une simple poupée de chiffon, une fille de rien et tout à la fois, l'objet de l'abject désir. Ils repèrent, il veulent, ils prennent, ils jettent.
Tout n'est que violence.
…Mais avec moi, elle laisse entrevoir son vrai visage. Impétueuse, insolente, irrévérencieuse, profondément dépressive, elle peut enfin déverser le flot d’émotions qu’elle retient depuis toujours.
Hazel se détache de moi sans que j'aie le temps d'humer une dernière fois l'odeur de son huile à la vanille, elle s'écroule sur le canapé à la même place qu'avant. J'espère qu'elle a conscience de la fin funeste qui l'attend. Je récupère mes clopes et mes clés et je jette un dernier coup d'œil au bordel dans le salon. Le jour se couche et je contemple les nuages à ses pieds, quand le ciel enfin se tait.
Je n'oser pas dire à Hazel que la fuite ne sert à rien, les problèmes s'invitent dans les valises.
Elle vivait sa vie comme une éphéméride. Une journée s’écoulait, elle en arrachait le souvenir et passait à la suivante. Elle avait cette propension à se renouveler tous les matins et à mourir tous les soirs.
Alors, il chasse ses souvenirs dans l’obscurité d’endroits qu’elle adore, elle dit que la nuit la vie palpite, elle peut s’y éteindre discrètement.
J’ai toujours dit à Jacques que tenir un bistrot ouvert la nuit, c'est un peu comme être sociologue c'est pas parce qu'on sert des tripes et des rognons qu'on peut pas comprendre les gens.
Une plume fine et sensible comme je les aime qui met en lumière les tourments de Hazel et Romain, deux êtres vivant avec leurs tripes le désenchantement de leur époque. Sombre mais jubilatoire !
Comment supporter d'être la cible préférée de la moitié du genre humain? D'erreur une simple poupée de chiffon, une fille de rien et tout à la fois, l'objet de l'abject désir. Ils repèrent, ils veulent, ils prennent, ils jettent.
Tout n'est que violence.