Une séparation, c'est réapprendre à marcher après une rupture des ligaments croisés. Seule. Sans rééducation, sans barre d'appui, sans kiné, en serrant les dents et en priant pour que demain ça fasse moins mal. ça laisse une sensation douce-amère, comme un goût métallique de bile dans la bouche, et toujours un sentiment d'inachevé.
Je n’avais jamais rencontré une fille comme Hazel. Elle avait dans le fond de son regard un minuscule éclat jaune, qui laissait transparaître sa folie. Elle était de celles qui ne reculent devant rien. Elle ne disait jamais non, trop contente de prouver qu'elle pouvait relever n'importe quel défi. Elle voyait la vie comme une succession de moments chiants et longs, un fléau dont elle voulait désespérément s’échapper sans bien savoir comment faire. Elle vivait sa vie comme une éphéméride. Une journée s’écoulait, elle en arrachait le souvenir et passait à la suivante. Elle avait cette propension à se renouveler tous les matins et à mourir tous les soirs. p. 160
C'est ça être un vieux couple. Limiter les efforts, ne pas avoir peur que l'autre vous voie tel que vous êtes vraiment. Plus besoin de se dissimuler derrière un masque, de prétendre être quelqu'un d'autre. Fini l'esbroufe, nique le strass et les paillettes. Vérité nue, lumière crue.
Le plus dur dans la rupture, ce n'est pas la fin du sentiment amoureux. C'est ce que les comédies romantiques américaines veulent bien nous faire croire. Ce n'est ni le mal d'amour, ni la pensée nostalgique des incroyables baises. La vraie rupture, celle qui reste en travers de la gorge, celle qui prend tellement aux tripes qu'on ne peut même pas pleurer, ce qui la rend insupportable, c'est de ne plus parler à l'autre tous les jours. On se sentirait presque coupable d'avoir rendu l'autre si important dans sa vie, de l'avoir érigé en mur de soutènement.
Une plume fine et sensible comme je les aime qui met en lumière les tourments de Hazel et Romain, deux êtres vivant avec leurs tripes le désenchantement de leur époque. Sombre mais jubilatoire !
Lou vivait à fond sa crise de la cinquantaine frôlant parfois la caricature. Son dernier caprice en date était d’avoir détruit son salon à la batte de base-ball. Très feng shui, selon elle. Un matin, elle a fait irruption dans la chambre de son fils, s’est emparée de l’arme du crime et a défoncé l’appartement. Tout y est passé, de la télé à la table basse.
Louise était une nerveuse. Elle avait une opinion sur tout et se trompait rarement. Les gens la pensaient condescendante, elle était tout simplement expérimentée. La légende disait qu’elle avait fait la fermeture du Studio 54, à New York, à grand renfort de LSD. Elle y aurait découvert son amour pour le sequin.
Comment supporter d'être la cible préférée de la moitié du genre humain ? D'être une simple poupée de chiffon, une fille de rien et tout à la fois, l'objet de l'abject désir. Ils repèrent, il veulent, ils prennent, ils jettent.
Tout n'est que violence.
…Mais avec moi, elle laisse entrevoir son vrai visage. Impétueuse, insolente, irrévérencieuse, profondément dépressive, elle peut enfin déverser le flot d’émotions qu’elle retient depuis toujours.
Hazel se détache de moi sans que j'aie le temps d'humer une dernière fois l'odeur de son huile à la vanille, elle s'écroule sur le canapé à la même place qu'avant. J'espère qu'elle a conscience de la fin funeste qui l'attend. Je récupère mes clopes et mes clés et je jette un dernier coup d'œil au bordel dans le salon. Le jour se couche et je contemple les nuages à ses pieds, quand le ciel enfin se tait.
Je n'oser pas dire à Hazel que la fuite ne sert à rien, les problèmes s'invitent dans les valises.
Elle vivait sa vie comme une éphéméride. Une journée s’écoulait, elle en arrachait le souvenir et passait à la suivante. Elle avait cette propension à se renouveler tous les matins et à mourir tous les soirs.