J'ai lu ce roman durant des vacances scolaires où j'étais immobilisée à cause d'une entorse j'avais 13 ans
Je ne me suis pas ennuyée car j'ai été plongée dans ce roman dont les personnages sont tellement attachants et heureux malgré la pauvreté et la dureté de cette époque dans ce monde rurale
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Il n'y avait plus d'illusions possibles, cette fois. Sa vie était tout entière derrière lui, comme quelque chose d'irrémédiablement perdu. De tous ses projets, de toutes ses joies, de tous ses espoirs, il ne subsistait rien qu'un souvenir cruel. Des deux êtres qu'il avait le plus aimés, il ne restait rien qu'un portrait effacé et un tablier usé. Autour de lui, tout était dévasté comme après une guerre ; il se trouvait maintenant seul, vieux, sans ressources, sans espérances et sans consolation.
Le mariage de Céline n'avait provoqué aucun changement dans les habitudes de la maison. Le soir, on retrouvait le vieillard dans son fauteuil de bois, Martin à la place qu'il occupait jadis et Céline en face de lui. Comme autrefois aussi Martin fumait sa pipe, Céline cousait ou tricotait et Andry s'endormait après le souper. Martin avait l'air calme d'un homme qui a enfin conquis dans la vie la place qu'il rêvait ; quant à Céline, sa figure, maintenant défraîchie et presque laide, n'exprimait plus d'autre sentiment que celui d'une soumission complète à la destinée.
Pardi! Oui, il connaissait Bruxelles! Il y a là des rues qui mesurent soixante mètres de large: il les avait arpentées. Il avait aussi compté, au hasard de ses courses, quinze églises. A la façade du palais royal, il avait vu quatre-vingt-six fenêtres. Il était monté sur la tour de saint-Gudule: trois cents marches. Pour aller de la gare du nord à celle du midi, il lui avait fallu quarante minutes exactement...
C'était une de ces créatures pleines d'abnégation pour qui le plaisir suprême consiste à voir vivre par elles, tranquilles et heureuses, les personnes qu'elles aiment.