Citations sur La glace (13)
Le seul caractère unique de l’histoire, c’est que la tragédie avait frappé des chercheurs chinois au pôle Nord et non cette fois-ci des enfants dans une école aux États-Unis.
(Michel Lafon, p.412)
La glace
Elle était partout.
Le monde entier était de la glace.
Il y en avait tellement que certains types de glace avaient des noms spécifiques. Glace bleue. Glace couleur acier. Glace de l’année. Mais contrairement à tous les autres paysages où Anna était allée, il n’y avait ici ni buisson, ni fleur, ni ruisseau, ni même un tas de pierres.
(Michel Lafon, p.246)
- Un miracle que tu n'aies pas fini alcoolo, alors.
- Oh, qui te dit que je ne le suis pas? Nous, les Français, nous n'arrêtons jamais de boire assez longtemps pour savoir si nous le sommes ou pas.
Le pôle nord a ce don particulier de révéler le véritable caractère d'une personne. Le froid, le bruit continuel de la glace qui se crevasse de tous les côtés et le sentiment que le sol peut s'ouvrir à tout moment sous ses pieds ôtent une à une les couches du vernis de civilisation des explorateurs jusqu'à ce qu'il ne reste plus que l'homme primitif.
Par comparaison avec les ténèbres de la nuit polaire qu’ils avaient traversées, c’était comme s’ils avaient échoué dans un ciel illuminé. Il allait s’avérer que le diable paie la facture d’électricité, lui aussi.
Tes enfants grandiront très vraisemblablement sans qu’il y ait de glace au pôle Nord. Un fait inédit en trois millions d’années, soupira le professeur tard un soir après avoir publié le premier article sur le blog de l’expédition Fram X.
- Tant mieux, alors, que je n’ai pas l’intention d’avoir d’enfants », avait répondu Anna.
Pour aller où? On est au pôle Nord, putain. Ici, pas moyen de se planquer. Si t'es tout seul sur la banquise, là maintenant, tu meurs de froid en moins de deux.
Il expliqua à Anna que l'eau douce de la fonte des glaces rendait la mer moins salée et affaiblissait les courants océaniques qui acheminaient de l'eau froide du nord jusqu'à l’équateur, où l'eau de mer s'évaporerait et refroidirait l'atmosphère, y compris dans l'air au-dessus du pôle Nord. A présent, même la colonne vertébrale du pôle Nord commençait à fondre, cette glace ancienne aussi dure que de l'acier qui avait survécu depuis des millénaires.
Elle n’avait pas pris la peine de demander à son père ce qui lui faisait croire que ce serait une partie de plaisir pour sa fille de trente-six ans de passer neuf mois à dériver sur une banquise au-delà du pôle Nord, en compagnie d’un vieil original de soixante-treize ans, veuf de surcroît, qu’elle avait à peine vu ou à qui elle n’avait guère adressé la parole en quinze ans.
Dans sa profession précédente, on avait expressément inculqué à Anna de toujours faire en sorte d’acquérir la meilleure connaissance possible du lieu où une guerre pourrait éclater. Connaître le terrain à fond. Être toujours prête à rencontrer un ennemi, toujours se réserver une possibilité d’attaque ou de repli. Zakariassen avait raison, il ne devait y avoir personne sur la position d’où venait la fusée éclairante. Cela signifiait que la personne qui l’avait tirée devait forcément venir du seul endroit où Anna savait qu’il y avait une présence humaine dans un rayon de plusieurs milliers de kilomètres.
Ce devaient être les Chinois.