Se libérer du connu

"En cette perpétuelle bataille que l'on appelle vivre, on cherche à établir un code de comportement adapté à la société... dans laquelle on est élevé... nous sommes la résultante de toutes sortes d'influences... un esprit torturé, dont les ressorts sont brisés, qui n'aspire plus qu'à échapper aux difficultés de la vie... abėti... chercherait-il longtemps, ne trouverait jamais sur l'image de sa propre déformation... La cause fondamentale du désordre en nous-même est cette recherche d'une réalité promise par autrui. Nous obéissons mécaniquement à celui qui nous promet un vie spirituelle confortable... ceux qui déforment nos esprits et faussent notre mode de vie... chercher la vérité c'est passer de la vitrine d'une boutique à une autre... L'individu est cette petite entité, conditionnée, misérable et frustrée, que satisfont ses petites traditions, tandis que l'être humain se sent responsable du bien-être total, de la totale misère et de la totale confusion du monde... c'est l'individu qui a créé les structures de la société. Les structures sociales extérieures sont les résultantes des structures intérieurrs, psychologiques, qui construisent nos relations humaines, car l'individu est le résultat... de sa connaissance et de son comportement... désir d'acquérir une situation sociale... le champ global que vous appelez vivre... Les conflits... la haine... énorme bataille de l'existence... Les structures de tous les changements extérieuts qu'amènent des guerres... reformes, des lois ou des idéologies, ont été incapables de modifier la nature profonde de l'homme, donc des sociétés [basées sur la compétition, la peur]... sommes totalement responsables de l'état général du monde... à cause de l'agressivité de notre propre vie, à cause de notre nationalisme, de notre égoïsme... préjugés, de nos idéaux... La Vérité n'a pas de sentier... elle est vivant... responsables de nos pensées, de nos sentiments et de nos actes... cessons de nous prendre en pitié [ou blâmer les autres]... observer ce qui a lieu, en toute vérité, dans la vie quotidienne... tout ce qui se passe est basé sur des concepts intellectuels... la vérité est ce que vous êtes... état de contradiction... double vie entre idéologie du système et la réalité de votre existence quotidienne... recherche d'une autorité, dans l'espoir qu'elle mettrait de l'ordre dans sa vie... nous avons toujours fonctionné dans le cadre de formules, celles-ci sont devenues notre idéal et notre autorité... Comment puis-je changer ?... depuis les racines de mon être... libre de s'en aller vers des découvertes... êtres en mouvement selon le flot de l'existence... Si l'on s'examine du point de vue qu'impose l'autorité... on manque de comprendre ce mouvement vivant... Être libre de toute autorité, de la nôtre, de celle d'autrui... conscience... de ce qui a lieu en nous-mêmes... dès que nous intervenons, nous établirons une autre autorité : un censeur.

Lorsqu'on se connaît tel que l'on est, on connaît toute la structure des entreprises humaines, les illusions, les hypocrisies, les recherches de l'homme. Pour se connaître, on doit être honnête à l'extrême vis-à-vis de soi, jusqu'au tréfonds de l'être. Lorsqu'on agit selon des principes, on est malhonnête car on agit tel que l'on pense qu'on "devrait" être, et non tel qu'on "est".
Il est brutal d'avoir des idéaux. Si l'on a des idéaux, des croyances, des principes, de quelque nature qu'ils soient, on ne peut pas se voir directement.
(p. 123)

On ne peut cultiver ni l'amour et la beauté, ni inventer la vérité. Mais si l'on est tout le temps conscient de ce que l'on fait, on peut cultiver cette lucidité et grâce à elle commencer à voir la nature du plaisir, du désir, de la douleur, de la solitude et de la lassitude morale de l'homme. (p. 95)

Est-ce qu'apprendre est une affaire de temps ? Nous n'avons pas appris, après tant de milliers d'années, qu'il y a une meilleure façon de vivre que de nous haïr et de nous entre-tuer. Le problème du temps est très important à comprendre si nous voulons trouver une issue à cette vie que nous avons contribué à rendre monstrueuse au point qu'elle n'a plus aucun sens. (p. 73)

Cette habitude de nous mesurer toujours à quelque chose ou à quelqu'un est une des principales causes de nos conflits. Pourquoi nous comparons-nous toujours à d'autres ? Pourquoi ce sens de comparaison est-il ancré en nous ? On nous l'a inculqué depuis notre enfance. Dans chaque école, "A" apprend à se comparer à "B", et se détruit en s'efforçant d'être égal à "B". (p. 63)

Lorsqu'on en devient conscient, est-ce que ce conditionnement d'une race, d'une religion, d'une culture, donne un sens d'emprisonnement ?

Me voici, ici présent, et comment dois-je m'étudier, m'observer, voir ce qui est réellement en train de se passer en moi ? Je ne peux m'observer qu'en fonction des mes rapports, parce que toute vie est relations.

Nous voyons que le désir est à l'origine d'un état contradictoire qui consiste à vouloir une chose tout en ne la voulant pas. C'est, en somme, une activité à deux sens. On n'effectue aucun effort, n'est-ce pas? à faire ce qui est agréable, mais ce plaisir engendre une souffrance. On entreprend alors une lutte pour l'éviter, ce qui est une perte d'énergie.
Pourquoi entretenons-nous cette dualité ? Elle existe, évidemment, dans la nature ; dans la lumière et l'ombre, la nuit et le jour, l'homme et la femme... mais psychologiquement, intérieurement, pourquoi existe-t-elle ?