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Critique de oiseaulire


Après avoir écouté en podcast sur France-culture la quatrième émission consacrées à Colette intitulée "la jouissance féminine" avec pour invitée Julia Kristeva, j'ai eu très envie de me référer au tome III de son ouvrage "Le génie féminin", dont les deux autres volets sont consacrés à Hannah Arendt et à Mélanie Klein.

Julia Kristeva a rendu à Colette un hommage admiratif qui n'exclut pas la lucidité. Elle interroge avec coeur et intelligence le lien indivisible qui unit la vie et l' oeuvre de l'écrivaine, chacune indispensable à l'autre, chacune à la fois miroir et aboutissement de l'autre, pour atteindre "la chair du monde" en un mouvement de recherche ininterrompu.

Si la littérature proprement dite n'est pas mise de côté, loin s'en faut, notamment la déférence de Colette envers Balzac et ses liens avec Proust, il n'empêche que je me suis parfois lassée des développements psychanalytiques de Julia Kristeva : convaincants souvent, mais obscurs quelquefois, voire à mes yeux de non professionnelle "tirés par les cheveux" : j'ai fini par me demander si l'oeuvre ne se suffisait pas en elle-même et s'il n'était pas un peu vain de tant se pencher sur le creuset alchimique et les secrets de fabrication. Bien sûr, dans le cas de Colette, la sublimation des pulsions par l'écriture tient une place toute particulière, et on peut être éclairée par quelques coïncidences : notamment celle de l'antériorité de "Chéri", où l'héroïne mûre prend un jeune amant de trente ans de moins qu'elle, par rapport à la relation réelle de l'auteure avec le très jeune fils de son mari.
De même la création du personnage de Sido, véritable matrice de toute l'oeuvre littéraire, à la fois mère de l'auteure et l'auteure elle-même est capitale : on y voit un exemple de maternité inversée, Colette une fois devenue mère dans la vraie vie, ayant aussi mis (remis) au monde sa propre mère, transfiguration de la véritable Sido en formidable source de jaillissement de son art.
D'autres mises en abyme psychologiques m'ont paru moins utiles, et les grilles d'interprétation relevant d'une spécialité clinique peuvent constituer une forme d'épistémologie de l'art littéraire mais n'en relèvent pas.

L'ensemble est cependant enrichissant et présenté avec érudition et toute la fraîcheur de l'enthousiasme.
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