AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Malaura


Alors qu'ils n'avaient que quatre ans, un terrible drame a séparé les frères jumeaux Klaus et Lucas.
Pendant de longues années, les deux frères vont se rechercher et pour pallier à la souffrance et à l'attente, ils apprennent à mentir.
Cinquante ans ont passé, Lucas retrouve enfin Klaus, mais est-il encore temps de recoller les morceaux de ces deux vies brisées ?
Ces retrouvailles seront-elles guidées par un dernier mensonge ?

Il est toujours bon de se replonger dans le passé, d'y dénicher des trouvailles, de découvrir ou redécouvrir des oeuvres qui méritent encore et toujours que l'on parle d'elles.
La romancière d'origine hongroise Agota Kristof, qui avait fui le régime et la répression de sa Hongrie natale pour s'installer en Suisse dans les années 1950, est décédée à la fin du mois de Juillet de l'année 2011 (27/07/2011).
A la fin des années 1980, on avait pu découvrir sa plume épurée, concise et déroutante grâce au « Grand cahier », premier volet d'une trilogie qui se poursuivra avec « La Preuve » puis « le troisième mensonge » et viendra hisser la romancière expatriée au rang des grands noms de la littérature contemporaine.

La trilogie des jumeaux ou le récit désarmant des destins tragiques et perturbés des frères Klaus et Lucas, est une oeuvre éminemment confondante d'assainissement du superflu, de volonté affichée d'aller au coeur du mot et de la phrase pour en tirer le jus intime, comme une éponge que l'on tord pour en faire sortir la dernière goutte d'eau.
L'oeuvre d'Agota Kristof est ainsi, dans la purification du verbe par l'épure, dans une aura d'étrangeté distillée au coeur des choses, dans un sentiment d'éternelle désillusion qui renvoie aux années de persécutions et de dictature.

Bref récit à l'atmosphère sombre, « le troisième mensonge » aborde le thème de l'enfance brisée avec originalité et une émotion distante, refoulée.
L'écart entre le ton et le thème, la marge volontaire que trace l'auteur entre le style dépouillé de son phrasé et les sujets brutaux et délétères qu'elle invoque, instaurent un climat de malaise et de trouble, un sentiment chargé d'intensité, à la fois dérangeant et singulièrement captivant.
L'alternance d'épisodes présents et passés donne un caractère étrange au récit dans la première partie, pour atteindre toute sa puissance dans la seconde où tous les éléments se mettent en place pour éclairer le lecteur habilement perdu par l'auteur dans les méandres d'une histoire tortueuse d'une fascinante opacité.

Ce «Troisième mensonge », récompensé par le Prix du Livre Inter en 1992, est un superbe roman, triste et troublant, un livre chargé d'émotion contenue à l'instar de toute la Trilogie des jumeaux.
A lire, à relire, à découvrir…
Commenter  J’apprécie          770



Ont apprécié cette critique (60)voir plus




{* *}