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Citations sur Le troisième mensonge (39)

Je me couche et avant de m'endormir je parle dans ma tête à Lucas, comme je le fais depuis de nombreuses années. Ce que je lui dis, c'est à peu près la même chose que d'habitude. Je lui dis que, s'il est mort, il a de la chance et que j'aimerais bien être à sa place. Je lui dis qu'il a eu la meilleure part, c'est moi qui dois porter la charge la plus lourde. Je lui dis que la vie est d'une inutilté totale, elle est non-sens, aberration, souffrance infinie, l'invention d'un Non-Dieu dont la méchanceté dépasse l'entendement. (Ed. du Seuil, 1991, p.179)
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Le 30 octobre, je fête mon anniversaire dans l'un des bistrots les plus populaires de la ville avec mes compagnons de beuverie. Tous, ils me paient à boire. Des couples dansent au son de mon harmonica. Des femmes m'embrassent. Je suis ivre. Je commence à parler de mon frère, comme chaque fois que j'ai trop bu. Tout le monde dans la ville connaît mon histoire : je suis à la recherche de mon frère avec qui j'ai vécu ici, dans cette ville, jusqu'à l'âge de quinze ans. C'est ici que je dois le retrouver, je l'attends, je sais qu'il viendra quand il saura que je suis revenu de l'étranger.
Tout cela n'est qu'un mensonge. Je sais très bien que dans cette ville, chez Grand-Mère, j'étais déjà seul, que même à cette époque j'imaginais seulement que nous étions deux, mon frère et moi, pour supporter l'insupportable solitude.
La salle du bistrot se calme un peu vers minuit. Je ne joue plus, je bois seulement.
Un homme vieux, loqueteux, s'assied en face de moi. Il boit dans mon verre. Il dit :
- Je me souviens très bien de vous deux. De ton frère et de toi.
(P76-77)
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-Tu vois, rien n'a changé. J'ai tout gardé. Même cette nappe affreuse. Demain, tu peux aller habiter la maison.
je dis:
-je n'en ai pas envie. Je jouerai plutôt avec tes enfants.
Mon frère dit:
-Mes enfants ne jouent pas.
-Que font-ils ?
-Ils se préparent à traverser la vie
Je dis:
-J'ai traversé la vie et je n'ai rien trouvé.
( Ed. du Seuil, 1991, p.66)
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Je ferme les yeux, mes douleurs s'atténuent. Le train s'arrête presque toutes les dix minutes. Je sais qu'il y a quarante ans j'ai déjà fait ce voyage.
Avant d'arriver à la gare de la petite ville, le train s'est arrêté. La religieuse m'a tiré par le bras, elle m'a secoué, je n'ai pas bougé. Elle a sauté du train, elle a couru, elle s'est couché dans les champs. Tous les voyageurs ont couru, se sont couchés dans les champs. J'étais seul dans le compartiment. Des avions passaient au-dessus de nous, ils mitraillaient le train. Quand le silence est revenu, la religieuse est revenue aussi. Elle m'a giflé, le train est reparti.
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J'essaie d'écrire des histoires vraies mais, à un moment donné, l'histoire devient insupportable par sa vérité même, alors je suis obligé de la changer.[...] j'essaie de raconter mon histoire mais je ne peux pas, je n'en ai pas le courage, elle me fait trop mal. Alors, j'embellis tout et je décris les choses non comme elles se sont passées, mais comme j'aurais voulu qu'elles se soient passées. (p.14).
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Je me réveille en larme. Ma chambre est dans la pénombre, j'ai dormi pendant la plus grande partie de la journée. Je change ma chemise trempée de sueur, je me lave e visage. En me regardant dans le miroir, je me demande quand j'ai pleuré pour la dernière fois. Je ne me souviens pas.
J'allume une cigarette, je m'assieds devant la fenêtre, je regarde la nuit descendre sur la ville. Sous ma fenêtre, un jardin vide avec un seul arbre déjà dénudé. Plus loin, des maisons, des fenêtres qui s'allument de plus en plus nombreuses. Derrière les fenêtres, des vies. Des vies calmes, des vies normales, des vies tranquilles. Des couples, des enfants, des familles. J'entends aussi le bruit lointain des voitures. Je me demande pourquoi les gens roulent, même la nuit. Où vont-ils ? Pourquoi ?
La mort, bientôt, effacera tout.
Elle me fait peur.
J'ai peur de mourir, mais je n'irai pas à l'hôpital.
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C'est ainsi. Ces choses-là arrivent parfois. Toute une famille se met à dormir, et celui qui ne dort pas reste seul. (p.132)
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-Alors, tu l'as tué ?
Je dis :
-Oui.
Le vieillard dit :
-Tu as fait ce que tu devais faire. C'est bien. Peu de gens font ce qu'il faut faire.
Je dis :
-C'est parce qu'il a voulu ouvrir la porte.
-Tu as bien fait. Tu as bien fait de l'en empêcher. Il fallait que tu le tues. Comme cela tout rentre dans l'ordre, dans l'ordre des choses.
Je dis :
-Mais il ne sera plus là. Peu importe l'ordre, si lui ne doit plus jamais être là.
Le vieillard dit :
-Au contraire. Désormais, il sera à tes côtés à chaque instant et en tous lieux.
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Il n'est pas nécessaire de faire des études pour devenir écrivain. Il est juste nécessaire de savoir écrire sans faire trop de fautes. (p.95).
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Mère me reproche continuellement d'avoir abandonné l'école:
- Lucas aurait continué ses études. Il serait devenu médecin. Un grand médecin.
Quand notre maison délabrée laisse entrer l'eau par le toit, Mère dit:
- Lucas serait devenu architecte. Un grand architecte.
Quand je lui montre mes premiers poèmes, Mère les lit et dit:
- Lucas serait devenu écrivain. Un grand écrivain.
Mes poèmes, je ne les montre plus, je les cache. (p.174)
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