Citations sur Anthologie de la poésie palestinienne d'aujourd'hui (7)
Le corbeau noir sur la neige est plus beau
Que toutes les colombes de la paix
Dans les discours des politiciens
MARWAN MAKHOUL
Où est la fenêtre de ce monde ?
Je veux me défenestrer
(Razan Bannourah)
J'imagine Rouget de Lisle
dans une des banlieues de Jérusalem
s'abritant derrière un rocher
écrivant ces paroles pour affronter l'occupation
Cet hymne peut-il se transformer
en une Marseillaise palestinienne ?
Le sang peut-il s'accorder
avec les slogans d'aujourd'hui
brodés d'humanitarisme ?
(Tarik Hamdan)
SUR LA DECOUVERTE DE LA TERRE ET LA VÉRITÉ DE SA ROTONDITE
Maintenant
mon corps s'ouvre entre tes mains
forêts bleues et fleuves violets
Comment n'ai-je pas connu auparavant
tous ces passages herbeux et poisseux ?
Tu es mon aimé
Un alphabet fluide
abandonné depuis si longtemps
se renouvelle à l'instant entre tes mains
T'es mains petites et grandes
preuve s'il en est des racines du fellah
en toi
T'es mains effleurent mes seins
et le monde entier gémit
Le lait des mères s'écoule
J'entends les cris de mille enfants
sortant sur-le-champ de l'utérus
T'es mains, là, sur mon ventre
où se retrouvent les signes de la terre
et ses quatre directions
où Colomb à tournoyé
et Tariq ibn Ziyad
a fait brûler tous les vaisseaux
Là repose la terre commune
intraitable
où les tribus des autochtones
entonnent les chansons de l'aube
où la rosée danse
et humecte chaque idée
pouvant sortir
de la tête du monde
(Rajaa Ghanim)
Ils vont m'expulser de la ville
avant la tombée de la nuit
Je n'ai pas payé la facture de l'air, disent-ils,
ni celle de l'électricité / Ils vont m'expulser de la ville
car j'ai failli de même avec le soleil et les nuages
Ils vont m'expulser de la ville
avant le lever du soleil
("Phobie", Najwan Darwish)
Ce monde est un cube de Rubik
dans une main furieuse
Chaque jour
je rêve
que je le manipule
juste pour savoir
comment Dieu échappe à un jeu
qu'il a lui-même
créé
(Hesham Abu Asaker)
Des soldats aux visages fatigués
Des remugles de sueur
De boue et de poudre
Ce froid épais ne m'effraie guère
Et cette bataille sans fin
Ne veut pas dire grand chose pour moi
Tout ce qui me préoccupe
Ce sont les fleurs du printemps
Vont-elles être étouffées
Par les relents de la poudre
Et la vulgarité des soldats ?
Je n'ai pas peur de la mort
Je sais que tu viendras recueillir mes restes
Les morceaux de ma chair fraîche
Seront enfin entre tes mains
La chair du corps
Qui a longtemps désiré que ces mains
S'étendent vers lui
Pour le toucher
Ne serait ce qu'une fois
RAJAA GHANHIM