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Critique de Madame_lit


Résumé
Le narrateur quitte son pays, Haïti, à l'âge de vingt-trois ans en raison du régime politique. Il s'établit à Montréal, ville du Nord. Il revient trente-trois ans plus tard en terre haïtienne, après un long exil, pour annoncer à sa mère la mort de son père. Avant son retour, il fait une escale à New York, là où est mort son paternel. de retour au pays natal, dans un Haïti contemporain, il renoue avec les membres de sa famille (sa mère, sa soeur, son neveu), ses amis et ceux de son père. Il se promène sur le territoire pour revenir à ses sources, il le nomme, le décrit, se l'approprie. Il constate que la désespérance pave les routes de son pays mais elle n'a pas réussi à s'infiltrer dans la dignité de ses habitants.

Critique
J'ai adoré l'écriture de Dany Laferrière, son jeu poétique, la richesse de son vocabulaire. Ce dernier entraîne le lecteur dans un voyage au bout de la nuit à travers une réflexion poétique de qualité. Ainsi, il aborde, en autres, le deuil, l'exil, le temps, l'espace, la vie, les sens :
Chaleur insupportable
Une cuvette blanche remplie d'eau
dans la pénombre de la chambre.
Trois mangues à côté.
Je les dévore torse nu.
Et me lave ensuite le visage.
J'avais oublié le goût de la mangue à midi (p. 146-147).
Grâce à ce récit, j'ai rendu visite à mes fantômes car comme l'écrit Laferrière, il est difficile d'oublier la mort qui imbibe le visage de son père.

Enfin New York où je l'ai vu dernièrement tout raide dans un costume d'alpaga noir avec une magnifique cravate de même couleur. Toujours élégamment mis. Comme ceux de sa génération. le seul trait personnel : ce sourire épinglé sur son visage, témoin de l'ultime spasme de douleur (p. 275).
Comment ne pas se sentir interpellé? Tout être humain, un jour, est confronté à la perte des siens, à cet appel redouté dans la nuit.
La nouvelle coupe la nuit en deux.
L'appel téléphonique fatal
Que tout homme d'âge mûr
Reçoit un jour.
Mon père vient de mourir.

J'ai pris la route tôt ce matin.
Sans destination.
Comme ma vie à présent (p. 13).

Je vous recommande ce livre magnifique, d'un homme qui n'a pas eu peur d'aller au bout de son petit matin. Je vous laisse sur cette dernière citation qui m'a marquée.
Pas trop sûr d'être
dans un temps réel
en m'avançant vers
ce paysage longtemps rêvé.
Trop de bouquins lus.
Trop de peintures vues.
Regarder un jour les choses
dans leur beauté nue.

Toujours trop d'espoir devant soi.
Et trop de déceptions derrière soi.
La vie en ce long ruban
qui se déroule sans temps morts
et dans un mouvement souple
qui alterne espoir et déception (p. 284).

Le temps humain, tantôt espoir, tantôt déceptions….
Bonne lecture!

https://madamelit.wordpress.com/
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