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Critique de djathi



Un journalier , on disait "à l'époque" , un ouvrier agricole plus tard ...Après le livre de Marie-Hélène Lafon on dira peut-être "un Joseph" ...car c'est d'un monde qui se meurt dont il s'agit et Joseph est la représentation vivante de celui-ci .

Joseph , toujours en retrait , observateur silencieux de ce qui se passe autour de lui dans ces fermes "à l'ancienne" où la patronne règne en reine mère auprès de "ses hommes" , où les fins de journées laissant un peu de place à la pensée et au retour sur soi laissent apparaitre la douceur inavouable de chacun autour de la "sainte table " propre et nette , tout juste encore une miette ayant échappé à l'oeil fatigué de la maitresse de maison ....
Dans ces moments où le corps se relâche enfin , il est doux de se laisser emporter dans le sillage des patineurs artistiques du petit écran ; d'ailleurs même la patronne , elle aime le patinage artistique délaissant ses mots croisés du journal du jour !

Joseph aime les chiffres , les dates , les listes et les comptes , Joseph n'aime pas les mots car ça dérange , ça encombre , et puis il a bien fallu partager avec le jumeau le Michel : c'est lui qui il a tout pris alors finalement les chiffres ça fera son affaire au Joseph .

Il a bien eu son amourette le Joseph dans sa jeunesse mais ça n'avait pas marché , et même que c'est après qu'il avait sombré .Mais peut-être qu'il aurait sombré sans elle , car c'est bien connu que l'alcoolisme c'est génétique et dans la famille on est marqué au fer rouge .

Finalement le bon de l'affaire , c'est que les cures dans ces centres spécialisés c'est promesse de "bien manger " , de salle de bain à soi bien chauffée et même qu'un jour il s'était passé quelque chose avec la nouvelle psychologue : ce truc honteux tapis au fond de sa mémoire il l'avait sorti ; ça avait du faire du bien et même qu'après il était toujours en avance au rendez-vous .

Marie Hélène Lafon s'efface enfin dans sa prose pour nous offrir un portrait bouleversant d'un homme , d'une culture , d'une identité qui se meurt , car il s'agit de la fin d'un monde , d'une culture . Un regard douloureux à La Raymond Depardon qui déchire les entrailles .
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