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EAN : 9782283026441
144 pages
Buchet-Chastel (28/08/2014)
  Existe en édition audio
3.78/5   499 notes
Résumé :
Joseph est un doux. Joseph n'est pas triste, du tout. Joseph existe par son corps, par ses gestes, par son regard ; il est témoin, il est un regardeur, et peut-être un voyeur de la vie des autres, surtout après la boisson, après les cures. Il reste au bord, il s'abstient, il pense des choses à l'abri de sa peau, tranquille, on ne le débusquera pas.

Joseph est ouvrier agricole, dans une ferme du Cantal. C'est aussi le nouveau roman de Marie-Hélène Lafo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (138) Voir plus Ajouter une critique
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le Cantal : ses fermes, ses vaches, ses petits bals, et puis Joseph.
Joseph : sa mère, son frère, ses patrons, le fils d'un de ses patrons, Sylvie, son travail d'ouvrier agricole, et puis ses souvenirs.
Car il est près de la soixantaine, Joseph, et il se souvient. Ou du moins, NOUS plongeons en apnée dans ses souvenirs.
Et il en faut, du souffle ! Pas pour supporter l'histoire, qui est une petite histoire bien banale mais pourtant unique : le frère jumeau qui s'en va à la ville, se marie et ne revient plus, la mère qui s'en va rejoindre le frère jumeau pour aider, la copine qui s'en va avec un autre, et Joseph qui s'en va en cure pour son alcoolisme puis qui revient, puis qui s'en va de ferme en ferme, au gré des patrons et du travail...
Le souffle, il en faut vraiment pour lire le style en continu, ce flot de souvenirs quasi sans chapitres, ces pages sans paragraphes, ces paragraphes sans ponctuation commune.
Ce jet continu de morceaux d'une vie qui s'imbriquent l'un dans l'autre, qui appellent d'autres morceaux d'autres vies, m'a forcée à une attention sans faille.
Si vous acceptez de perdre le contrôle, Joseph vous prendra par la main et vous emmènera boire un verre au café du coin, passer devant chez la Simone en lui faisant un petit coucou, lire le journal laissé par la patronne, nettoyer l'étable et puis vous laissera, simplement, pour se reposer enfin et essayer d'être heureux.

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Des Joseph, j'en ai connu plusieurs, comparables en bien des points à celui magistralement mis en scène par Marie-Hélène Lafon, vus d'abord avec les yeux de l'enfance, sans soupçonner leur détresse, mieux compris plus tard quand la mémoire assemble tous ces vécus au contact de ces personnalités simples, le plus souvent attachantes, en regrettant de n'avoir pas assez communiqué avec eux quand ils étaient encore là.

Le Joseph de Marie-Hélène Lafon fait la synthèse, à travers une seule personne, de toutes les difficultés de la vie agricole, avec pourtant ses bonheurs virgiliens méconnus souvent des intéressés. Joseph, ouvrier agricole, aime son travail, aime les bêtes dont il s'occupe avec soin, aime sa famille même si elle l'oublie peu à peu, aimerait les filles si l'un d'elles, Sylvie, ne l'avait blessé à vie, le temps cicatrisant tant bien que mal toutes ses peines.

Pour moi, Joseph, c'est un héros, un héros que Marie-Hélène Lafon dépeint avec son style efficace, percutant, qu'elle fait plaindre, aimer, jamais détester. En cela, elle excelle car elle connaît ce milieu agricole auvergnat qui, à l'orée du 21ème siècle n'a guère évolué dans ses relations humaines. Il y a aussi de très nombreux Joseph au féminin, des filles, des femmes ayant porté haut la notion de service, l'amour des enfants -- qui la plupart du temps n'étaient pas les leurs --, sanctifiant elles aussi des vies simples dans un monde souvent trop dur.

Au fil de ce livre, Joseph égrène de nombreux souvenirs, des petits bonheurs, des malheurs qui s'installent progressivement, que l'alcool vient faire oublier temporairement. Joseph n'est pas résigné, d'autres ont fait des choix pour lui à sa place, il les accepte, même si les regrets sont sous-jacents.

Tout cela, Marie-Hélène l'exprime pudiquement, mais sans concession, sans mièvrerie aucune, avec finesse car elle connaît et a observé tous ces paysans qu'elle a cotoyés et qui lui ont fourni la matière première de ce beau roman de vie.
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Dos à la télé, les mains sur les cuisses, les pieds dans des pantoufles à carreaux, Joseph aime bien rester comme ça, à ne rien faire. Des images qui apparaissent, disparaissent sans que quiconque dans la cuisine y jette un oeil. le patron à piquer du nez après le repas, calé sur une chaise devant la cuisinière. La patronne, au bout du banc, le journal ouvert en grand sur la page des mots croisés. La petite trousse et le dictionnaire pas loin. Un petit bonsoir avant que chacun ne regagne sa chambre. Un sacré personnage que ce Joseph. Un ouvrier agricole qui va de ferme en ferme. À presque 59 ans, il en a vu. Car il aime observer les gens, Joseph. Les souvenirs sont là, qui se rappellent à lui, parfois, le soir, lorsqu'il est dans son lit. Sa mère, ses patrons et leur fils, Michel, son jumeau, Sylvie qui l'a quitté, ses cures, ses vaches, ses champs et son Cantal.

Quel condensé de souvenirs dans ce petit roman... L'on tend presque l'oreille pour écouter ce que Joseph nous raconte tant l'homme, taiseux, voit, entend tout autour de lui mais semble rester en retrait. Tel un spectateur de ce qui se joue devant lui. L'on entend ses déceptions et ses misères. Dans ce roman rural qui fleure bon la terre et les vaches, l'auteur donne à voir un monde rude, laborieux mais terriblement humain. Elle dresse le portrait d'un homme vrai, nature, modeste et juste. Elle nous fait pénétrer magnifiquement dans le monde de Joseph, elle restitue sans fioritures des fragments de vie, elle esquisse des personnages. Elle nous fait sentir, voir et ressentir. Un roman de terroir saisissant, tendre et d'une justesse émotionnelle. Une écriture à la fois rude, puissante et poétique. Un personnage d'une beauté humble et modeste.
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C'est une vie ordinaire, simple, qu'on pourrait qualifier de bien banale, celle de Joseph. Ne comptez pas sur moi pour vous décrire ici un héros au sens romanesque, mais Joseph a quelque chose qui nous est attachant, il ressemble tout simplement à quelqu'un qu'on a l'impression de connaître, un membre de notre famille, un père, un grand-père, un oncle, un voisin peut-être, une silhouette qui est familière pour ceux d'entre nous qui habitons à la campagne.
Joseph est ouvrier paysan, un journalier, nous sommes dans un village reculé du Cantal. Nous apprenons à le connaître par ce récit généreux, touchant, simple et lumineux.
Ne comptez pas sur Joseph pour vous ouvrir son coeur, ce taiseux. Alors, il nous faut compter sur Marie-Hélène Lafon pour nous amener à mieux connaître cet homme qui ne fait pas de bruit dans sa vie.
Son écriture se déploie dans un seul élan, d'une seule traite, nous entraîne dans cette ferme où c'est peut-être là que Joseph va finir son métier d'ouvrier paysan, puisqu'il approche de la retraite...
On le sait bon ouvrier, il l'a toujours été, on sait que sa vie n'a pas toujours été rose, on le découvre comme cela avec les mots touchants, pudiques, attentionnés de Marie-Hélène Lafon.
Son écriture, toujours juste, est d'ailleurs voisine de l'âme de cet homme... Qu'importe les trébuchements de celui-ci, il aime les bêtes, sait leur parler, être patient avec elles, qu'importe s'il mourra seul... Quelqu'un a dit : « le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit. » Cette formule pourrait s'appliquer à Joseph.
Dans les gestes quotidiens de Joseph, viennent des souvenirs, viennent des personnes aussi simples et discrètes que Joseph, vivantes tout d'un coup, des histoires de familles et c'est la grâce de l'écriture de Marie-Hélène Lafon de nous les rendre vivants, chaleureux, si proches de nous, comme si nous appartenions à cette terre rurale, cette terre qui se vide désormais de ses populations...
Derrière la silhouette d'un seul homme, entre ici un monde grouillant, une véritable fourmilière avec des histoires qui emplissent les yeux, cognent au ventre, la mémoire de Joseph est si époustouflante qu'elle nous offre ici, comme dans le tableau d'un peintre, une magnifique chronique rurale, pas si ordinaire que cela...
Joseph se souvient, ou plutôt Marie-Hélène Lafon nous transmet la mémoire de Joseph encore intacte, comme si elle était là, tout près de lui, à capter son souffle, ses respirations, ses souvenirs, ses mots, ses regrets, ses blessures peut-être, mais comme Joseph est taiseux, il dira peu de choses à ce sujet... Peu de choses, juste ce qu'il faut pour dire qu'il n'a pas toujours été heureux et qu'il aurait peut-être pu ne pas finir sa vie seul...
Alors Joseph pense souvent à sa mère comme nous, lorsqu'on se sent démuni, ou au bord de la nuit, ou au bord du vide... Il pense alors aux fleurs et on le comprend...
Derrière Joseph il y a un vaste paysage rural de montagne qui se vide depuis des lustres. Je ne vais pas vous chanter la chanson de Ferrat, - quoique si vous me tendez une guitare et que vous insistez je la connais presque par coeur, mais oui ici c'est à peu près cela... Marie-Hélène Lafon qui connaît bien ce pays du Cantal puisqu'elle vient de là-bas, nous dit cela aussi, à travers le paysage de Joseph, celui de son âme, de ses gestes d'ouvrier agricole qu'il connaît par coeur et qui cependant tremblent un peu le soir au bord du vertige de la nuit...
C'est un texte d'une tonalité juste, âpre, écrit à l'os. Sensible aussi. On sent les odeurs de la ferme, l'odeur de l'étable, du crottin des vaches, là où j'avais tendance à plonger les pieds dedans quand je courais enfant dans les champs, l'odeur du café le matin, l'odeur des géraniums, des foins coupés, l'odeur de la campagne...
On voudrait prendre l'homme dans nos bras, mais on se dit que cela ne passerait pas, que le bougre nous écarterait d'un revers de la main et qu'il aurait raison ou se retournerait, gêné, esquivant notre geste inapproprié. Alors, on reste là un peu pataud comme lui et l'on se retire sur la pointe des pieds, dans la lumière des mots de Marie-Hélène Lafon.
C'est alors que je me suis souvenu que justement, lorsque j'étais enfant, les vacances c'était à la ferme. Nous n'avions pas encore de voiture, alors comme nous étions deux familles voisines dans le même besoin, deux couples et dix enfants, nous avions loué pour la circonstance les services d'un déménageur et son camion, qui nous avait emmené en bord de mer chez une famille paysanne pendant quatre semaines... J'ai une image comme cela qui me vient, celle d'être à l'arrière de ce camion, toutes bâches ouvertes, adossé aux bagages et de regarder le paysage se déployer, deviner l'océan au loin et tout ce qui allait avec... Plus tard, je me souviens que l'odeur de la mer et du goémon venait parfois selon les vents jusqu'à la ferme. C'était une odeur particulière qui se mêlait aux odeurs de la ferme, pour ne faire brusquement qu'une seule odeur, celle de la terre et de la mer, mélangée, unique. Parfois on aurait dit que ces odeurs avaient toujours existé ensemble. Je me souviens que les seules toilettes étaient dehors, derrière la grange, qu'il s'agissait d'une planche avec un trou bien rond au milieu, et en-dessous, il y avait ce vide que je trouvais, du haut de mes six ans, immense comme le gouffre de Padirac. Je me souviens qu'il fallait crier " Y' a du monde ! " quand on entendait des pas contourner l'angle de la grange... Mais le vieux Joseph, le père des patrons de la ferme, qui était sourd comme un pot, n'entendait jamais... Je me souviens que le patron de la ferme s'appelait justement aussi Joseph comme son père, ce dernier avait l'habitude de faire la sieste après le repas de midi dans la fameuse grange où nous avions justement pris la manie de jouer à cache-cache au même endroit et au même moment... le jaja du coin l'aidait sans doute à rejoindre les bras de Morphée... Quand on le réveillait, il nous faisait peur avec sa grande moustache. Comme il ne parlait que le breton et qu'il chiquait sans cesse, on ne le comprenait pas et on avait encore plus peur de lui avec ses dents noircies par la chique qu'il avait un malin plaisir à recracher devant nous... Alors, on s'envolait comme une volée de moineaux... Plus tard, à l'âge de seize ans, le premier festival rock en plein air auquel j'ai assisté se tenait sur cette commune. Avec un ami, nous sommes allés au culot tenter de chercher un hébergement dans cette ferme. La patronne, - elle s'appelait Angélique, ne m'a pas reconnu tout de suite, mais elle se souvenait bien de ma famille. Elle a eu un immense sourire. Son mari, Joseph, qui était dans les parages, nous a serré la main chaleureusement et waouh! je me souviens encore de sa poigne, tiens... Elle nous a offert le café dans des bols grands comme ça et nous a désigné la fameuse grange en nous invitant à déposer nos affaires. Plus tard dans la nuit, nous avons dormi sur un tas de foin, presque le même, celui où le vieux Joseph qui s'en était allé depuis quelques temps de l'autre côté du paysage, faisait autrefois sa sieste... Je me souviens que nous avons eu un fou rire idiot quand les portes de la grange se sont ouvertes dès six heures du matin et que nous avons vu Joseph entrer fier et droit comme un if sur son tracteur comme si de rien n'était, venir déposer des balles de foin à nos pieds puis repartir... Je me souviens presque davantage de cette scène que d'avoir vu quelques heures plus tôt Murray Head devant mes yeux ébahis chanter "Say it ain't so Joe". Presque...
Voilà à quoi me fait penser ce soir le prénom de Joseph...
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Un chapelet de phrases interrompues...sensation étrange où la respiration n'existe plus...comme si le temps s'arrête au fin fond de la France profonde, dans le Cantal...se déroule la vie d'un ouvrier agricole où la campagne des années 60 ..là où chacun est à sa place, et chaque chose est utile , là où les gens taiseux ne parlent pas pour ne rien dire...là où l'entraide et le bon sens étaient de mise pour travailler, là où le sens des valeurs avait encore une haute importance, les saisons bien marqués et le travail difficile et si harassant.

Passée la surprise de ce soliloque, de cette lecture en un seul souffle un petit parfum d'enfance m'a ramené dans quelques souvenirs ...
un roman qui ne tergiverse pas, droit et franc comme son personnage principal qui traverse sa vie au travers des familles chez qu' il loue ses services et qui devient témoin de celles des autres ..

Humer l'air des champs et croiser des vaches, faire des veillées sans télé cela fait du bien ...par les temps qui courent...!
ce roman m'a rapporté un doux parfum de nostalgie sans doute, la lecture comme une spirale m'a fait danser dans la ferme de mes grands-parents...et chanter dans le vent frais matin.
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critiques presse (5)
Lexpress
30 octobre 2014
Dans ce livre magnifique, d'une grande intensité, la romancière n'accompagne pas seulement le destin d'un homme, elle dit la fin d'un monde quand les jeunes partent et que les vieux passent l'essentiel de leurs soirées à se souvenir des bons moments.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Actualitte
30 septembre 2014
L'écriture donne de l'éclat à cette vie banale et simple, commotionne le lecteur, aux prises avec une réalité qui le pénètre d'emblée, crée une émotion directe, si vive qu'elle en devient presque sublime.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Culturebox
30 septembre 2014
Marie-Hélène Lafon dessine cette vie dans un roman d'un seul tenant, compact, ramassé, qui donne au récit une grande densité, à l'image du personnage de Joseph.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Chro
22 septembre 2014
Il y a un monde dans ce petit volume, dont l’apparente modestie n’empêche pas que l’hommage rendu à ce monde soit grand.
Lire la critique sur le site : Chro
LeFigaro
12 septembre 2014
D'une façon au fond très subversive, ce roman substitue à l'idée de justice sociale un idéal de justesse: être à sa place et bien la tenir.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
À propos d'un dessert, le dimanche, la patronne se souvenait de l'oncle marchand de bestiaux, des prunes bleues qu'il apportait, de son goût pour les douceurs, elle disait ce mot, les douceurs, les œufs à la neige ou le cake aux raisins, ou les deux à la fois, et avec le café qu'il prenait sucré ; il fallait le voir tremper les bouchées de cake dans la tasse évasée, la mère de la patronne sortait pour lui une pièce restée d'un vieux service démodé parce qu'il n'aurait pas pu tremper à sa façon dans les tasses plus modernes et plus étroites.
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Dans les fermes où on se fait la guerre entre vieux et jeunes, c’est dur pour l’ouvrier qui se trouve sans savoir de quel côté se tourner quand l’un a dit blanc et l’autre noir. Joseph en a séparé des pères et des fils, ou des frères, ça s’empoignait au fond de l’étable ou à la grange, juste à côté de la trappe ouverte sur un escalier bien raide, il a reçu des coups perdus et ensuite on l’a regardé de travers parce qu’il avait vu ce qui doit rester caché dans le secret des familles. C’est la boisson qui est le pire. Tant que les parents sont là et en bonne santé pour aider, ils ont leur mot à dire et le fils continuera le fromage, le saint-nectaire, parce que la ferme est dans la zone d’appellation contrôlée, juste à la limite mais encore dans la zone ; dans une ferme organisée comme celle-là, on a besoin d’un ouvrier comme lui pour aider et on peut le payer uniquement si on transforme le lait ; mais tout le monde sait ce que le fils pense ; le fils pense qu’ils travaillent pour payer l’ouvrier, à cause des charges, et que c’est un système périmé.
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(...) ces médecins, le père et le fils, étaient partis en guerre, dans le journal ils écrivaient en croisade, contre l’alcoolisme ; on voyait régulièrement dans La Montagne des articles signés par eux qui parlaient de fléau, de ravages dans les campagnes, d’éradication, de cause sacrée (...) ; on racontait aussi qu’ils roulaient pour le cousin d’Aurillac et son service spécialisé qui ne risquait pas de manquer de clients, la Sécurité sociale avait bon dos, elle payait les traitements qui n’en finissaient pas, coûtaient bonbon et n’avaient pas l’air de servir à grand-chose à en juger par le nombre de poivrots du canton abonnés aux cures ; entre novembre et mars, ils allaient se faire désherber à Aurillac, on disait désherber et tout le monde comprenait, les gars passaient l’hiver au chaud à l’hôtel trois étoiles chez Grémanville, c’était le nom du cousin, ils ressortaient de là retapés récurés en grande forme et rattaquaient le canon aussi sec.
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Il aimait bien les soirs, on restait devant la télévision, on ne la regardait pas forcément, on l’entendait, on était les trois dans son bruit, des images apparaissaient, disparaissaient, en fortes couleurs qui circulaient dans la pièce autour des corps, on baignait dans ces images, on était traversé par elles, on attrapait des morceaux, on sentait que le monde était vaste autour de la ferme et de ce pays tout petit dans lequel on aurait vécu.(...) Le patron se serait intéressé, surtout à la politique et au sport, mais il avait tendance à piquer du nez, à becquer comme il disait ; dès la fin du journal, il sortait du banc, se calait sur une chaise devant la cuisinière même quand elle était éteinte, et posait ses talons en appui contre le banc, ses orteils remuaient dans les chaussettes marron.
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Ils n’en montraient presque plus du patinage artistique maintenant, tout était plus compliqué avec une ribambelle de chaînes et toutes sortes d’émissions à la noix et la météo qui n’en finissait pas présentée par une femme blonde en jupe courte qui ressemblait à un cheval ; on avait plusieurs météos, à la télévision, à la radio, sur le journal, au téléphone, à un numéro précis que le patron appelait, et sur Internet ; en été, le fils et le patron se disputaient pour savoir s’il fallait faucher ou non, les météos donnaient des prévisions différentes, la patronne en tenait pour le baromètre de sa mère qui était suspendu dans la cuisine, entre les deux fenêtres ; les hommes ne l’écoutaient pas et, de plus en plus, le fils décidait tout seul.
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Vidéo de Marie-Hélène Lafon
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